En 1985, certains d’entre nous portaient des couches tandis que d’autres n’étaient pas encore nés. Jean Iglesis, lui, obtenait son diplôme à Sciences-Po Toulouse en trois ans. L’équipe d' »Univers-Cités » a rencontré ce brillant avocat de 44 ans, adhérent d’Avocats sans Frontières France.

Quel a été votre parcours universitaire?

J’étais diplômé en 1985 donc j’ai débuté en 1982 à Sciences-Po. A l’époque, le cursus ne durait que trois ans. Parmi les trois filières disponibles [[Economique et financière, fonction publique et sciences politiques]], j’ai choisi la filière science politique. Après, j’ai fais un DEA de sciences politiques et, en parallèle, une maîtrise en droit des affaires. Puis j’ai fais un DEA en droit des affaires.

Ensuite, j’ai été allocataire en droit des affaires. J’ai commencé une thèse sur « Les aspects juridiques du mécénat » que j’ai arrêté pour faire mon service militaire en 1987. Un an après, j’ai passé par hasard le concours d’avocat et je suis entré au Centre de formation professionnelle des avocats. En décembre 1989, je prêtais serment et commençais cette longue carrière !

Comment se sont passées ces années à Sciences-Po Toulouse?

Je crois que ça a bien changé par rapport à ce que c’était. A l’époque, je vivais ces années plutôt comme un plaisir et non uniquement comme une formation, c’est à dire que c’était considéré comme un cursus d’appoint. L’intérêt, c’est qu’il y avait vraiment un esprit « école », c’était beaucoup plus facile de nouer des liens de camaraderie que dans des amphi d’université où on était 500 ou 600. J’en garde un très bon souvenir.

Cette formation m’a offert une ouverture d’esprit que les études de droit ne m’ont pas forcément donné. Pour résumer, ces études ne m’ont pas servi à grand chose d’un point de vue technique dans le cadre de mon parcours professionnel mais elles sont essentielles dans l’acquisition d’une bonne culture générale et l’ouverture d’esprit.

Puis je m’occupais de l’Amicale de Sciences-Po, j’étais le secrétaire général. J’étais élu au conseil de l’université et j’étais aussi capitaine de l’équipe de rugby de l’IEP. On a été à l’origine de la mise en place du critérium. Il me semble que ça a débuté en 1983 par une rencontre de rugby entre Toulouse et Bordeaux qui a été réitérée avec une rencontre retour. A partir de là, c’est Bordeaux qui a organisé, quelques années après, le premier critérium, sur les bases qu’on avait mises en place.

Et pour l’anecdote, qui a remporté ces deux matchs?

C’est Toulouse! Tant que j’ai joué avec l’équipe de rugby de l’IEP, on a été champion de France de rugby des IEP. On n’a jamais perdu.

Un souvenir marquant de ces années Sciences-Po?

J’en ai beaucoup! A l’époque, on organisait des conférences à l’IEP et j’ai dîné avec Michel Debré. Un mythe ! Le père de la Vème République ! Quand on a 20 ans, c’est quand même quelque chose de marquant.

Et votre carrière politique?

Je suis adhérent au Parti Radical Valoisien de la Haute-Garonne depuis 1992 et j’en suis le président depuis huit ans. Donc j’essaie d’animer!

Que pensez-vous de la réforme du diplôme de l’IEP créant une cinquième année?

Je ne sais pas si, d’une manière générale, rallonger la durée des études soit une bonne solution. Pour le cas de l’IEP, cinq ans ça reste du domaine du raisonnable. Et ça a le mérite de calquer le cursus avec ce qui est pratiqué dans les autres filières, c’est à dire Master 1 et Master 2. Ce qui me paraît très bien, c’est les phases qui ont été ajoutées par rapport à ce qu’on avait: la phase de professionnalisation, les stages, et la phase « d’externalisation », la possibilité d’aller à l’étranger.

La filière de sciences politiques est aujourd’hui devenue une vraie filière de professionnalisation alors que de mon temps, c’était pour une partie des étudiants une filière d’appoint ou de préparation à l’entrée dans l’administration. C’était la voie royale pour passer des concours administratifs. C’est toujours le cas, mais il n’y avait pas beaucoup d’alternatives. Aujourd’hui, vous avez une palette plus large.

Le dossier de la semaine étant la célébration des dix ans d’Avocats sans frontières France, pouvez-vous dire quelques mots à propos de cette association ?

Je la connais très bien puisque j’en suis moi-même adhérent! La philosophie de cette association n’est pas d’aller imposer un mode de raisonnement juridique, mais d’aller écouter les gens et ensuite d’essayer de les aider. Par exemple, il y a des avocats toulousains qui vont régulièrement au Cambodge pour donner des formations à des avocats cambodgiens ou travailler pour la mise en place d’un système d’aide judiciaire pour les plus démunis.