Depuis le 1er janvier 2024, le compostage est obligatoire pour les particuliers et pour les professionnels. Ce sont les intercommunalités qui doivent organiser le tri des biodéchets. À Toulouse, la métropole en est toujours au stade de l’expérimentation et c’est aux habitants de trouver des solutions alternatives.

Pour répondre à une exigence du droit européen, la loi française rend obligatoire le tri à la source des biodéchets à compter du 1er janvier 2024. Sont concernés les particuliers mais aussi les professionnels. Selon la quantité de déchets organiques produite, certains d’entre eux devaient déjà les revaloriser. Désormais, aucune distinction n’est faite afin d’aller vers une généralisation du compostage.

D’après un sondage de l’IFOP, publié en décembre 2023, 60% des interrogés sont au courant que les communes doivent mettre en place la collecte et le tri des biodéchets. La moitié des Français le fait déjà, même si cette proportion augmente largement à la campagne (82% le font en commune rurale). Car le principal obstacle rencontré est l’impossibilité de faire le en compost ville. Cette décision est soutenue par 62% des interrogés du sondage. Ils y voient « une opportunité pour l’écologie ».

Anna, étudiante à Toulouse, dénonce le manque de moyens mis en place : « j’aimerais trier mes déchets alimentaires mais ce n’est pas possible. Lorsque j’avais contacté la mairie pour pouvoir jeter mes épluchures dans un compost partagé, on m’avait dit que le plus proche de chez moi était complet. » Habituée à le faire chez ses parents, en Bretagne, elle déplore le fait que rien n’ait encore été fait à Toulouse. « À Bordeaux, des poubelles à compost ont été installées. Pourquoi il n’y a pas ça ici ? »

Le manque de réactivité de la métropole toulousaine

La loi précise qu’il revient aux collectivités territoriales, ayant la compétence « collecte des déchets », d’organiser le tri des biodéchets (déchets alimentaires et verts). Ce sont donc les Établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) qui ont ce rôle. À Toulouse, la métropole propose déjà des espaces de compostage partagés en jardin public. Mais ces sites sont à l’initiative des habitants dont le collectif s’occupe de la gestion. Autre difficulté : le nombre de places limité pour ces composteurs, accessibles sur inscription uniquement.

La métropole indique sur son site que des bornes de collecte des déchets alimentaires dans l’espace public seront progressivement installées à partir de 2025. Le compostage est pourtant obligatoire depuis le 1er janvier 2024. De quoi agacer les Toulousains désireux de le faire mais qui n’ont pas l’espace pour. « J’habite en appartement, ce n’est pas possible pour moi d’avoir un compost individuel », explique Ambre, habitante du quartier de Saint-Cyprien. Dès le 12 février 2024, il sera possible de réserver un composteur individuel sur le site de la métropole. Mais « c’est oublier que la majorité des citadins n’ont pas d’extérieur », ajoute Ambre. « Un retard injustifié » selon Anna, « un manque de volonté » pour Ambre dans la mise en place du tri des biodéchets.

Une expérimentation est en cours à Blagnac. Depuis le 6 octobre 2023, des bornes de collecte pour les biodéchets ont été installées pour une durée d’un an. Ce test vise ensuite à être déployé à l’ensemble de la métropole en 2025, en plus des composts individuels et partagés. Une collecte qui arrivera avec un an de retard par rapport à la loi.

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Des solutions alternatives

Face à l’absence de moyens mis en place par la métropole toulousaine, des solutions alternatives existent. L’association Récup’Occitanie propose aux habitants de revaloriser leurs biodéchets depuis 2019. « On met à disposition un seau bokashi [méthode de compostage traditionnel japonaise, ndlr] qui permet de faire fermenter les déchets et donc de stopper leur putréfaction », explique Jean-Baptiste Assouad, fondateur de l’association. Une solution pratique pour les personnes en appartement sans extérieur pour stocker les biodéchets.

Juliette, étudiante, a adopté cette méthode : « c’est un petit geste pour l’environnement à moindre coût. J’ai payé 50 euros pour l’installation et l’acquisition du seau. » Une fois le bokashi rempli, « on vient le chercher en vélo-cargo et on le change contre un seau vide », indique Jean-Baptiste Assouad. Le compostage des déchets organiques se fait ensuite à l’écopôle Edenn, un espace dédié à l’agriculture urbaine et à l’alimentation, situé au nord de Toulouse. 

« Un petit geste pour l’environnement à moindre coût »

Créée en 2019, l’association compte aujourd’hui plus de 700 adhérents particuliers et quinze entreprises. Une initiative que salue Juliette : « à l’échelle individuelle, je trouve ce genre de petit geste important car c’est ce qui contribue à la protection de l’environnement. » D’autant plus que « c’est assez simple à faire : il suffit de mettre ses déchets organiques dans le seau, de rajouter du son de blé pour la fermentation et de garder le bokashi fermé, continue-t-elle. Ce n’est pas très contraignant. »

Pour le fondateur de Recup’Occitanie, il s’agissait avant tout de « répondre à un besoin social ». « Mais 700 adhérents sur une métropole d’un million d’habitants, ça reste petit », ajoute Jean-Baptiste Assouad. Sa principale explication, c’est que « cette adhésion relève du volontariat. Les gens payent pour trier leurs déchets. Ce sont souvent des personnes engagées dans la cause écologique ou bien qui ont longtemps habité à la campagne qui se tournent vers nous. »

C’est donc positivement qu’il accueille l’obligation pour les collectivités d’organiser la collecte des biodéchets. De quoi aller un peu plus vers une véritable transition écologique. « Notre association n’a pas un enjeu de survie. Si la collectivité met en place un système de compostage performant, il n’y a pas de raison pour qu’on cherche à la concurrencer », conclut Jean-Baptiste Assouad.

Contactée par Univers-cités, la métropole de Toulouse n’a pas donné suite à nos sollicitations.

Crédit photo : Annabel Martinez-Canavy