Rohan Kappour a 20 ans. Etudiant britannico-belge, il passe son année universitaire à Sciences Po Toulouse dans le cadre du programme Erasmus. La sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne le 31 Janvier est une date importante dans sa vie.

Que représente la date du 31 Janvier, jour effectif du Brexit ?

  • C’est un jour triste. On a perdu un allié et un ami avec l’Europe. C’est une partie de ma nationalité qui s’en va. J’étais britannique européen. C’est un peu une honte pour moi, je me sens moins britannique. J’ai perdu une part de mon identité.

Qui est le responsable de ce départ ?

  • Je pense que la culture du Royaume-Uni y est pour beaucoup. Quasiment depuis qu’on a intégré l’Union, on a été distant de cette institution. On n’a pas choisi l’euro en restant avec la livre sterling, on roule dans le sens inverse… Il y a pleins d’exemples qui montrent que nous ne nous sommes pas immergés dans la culture européenne. Donc forcément, il n’y a pas un sentiment d’appartenance aussi important que dans les autres pays d’Europe.

« Boris Johnson et Nigel Farage sont des menteurs. Ils ont profité de la vulnérabilité et de la méconnaissance des électeurs ».

Il y a aussi un manque d’ouverture. Par exemple les médias sont très anglo-centrés. Une grande partie des informations sont sur le monde anglophone et non ce qui peut se passer ailleurs notamment en Europe. Boris Johnson et Nigel Farage sont des menteurs. Ils ont profité de la vulnérabilité et de la méconnaissance des électeurs. Ils ont fait passer l’Union comme responsable des problèmes internes au Royaume-Uni. C’est difficile de voir ce que fait l’Europe et les bénéfices qu’on peut retirer de l’action de l’Union dans ces conditions.

Comment as-tu réagi en tant que citoyen britannique en 2016 au moment du référendum ?

  • J’avais la possibilité d’avoir la double nationalité avec mes parents. J’ai directement demandé le passeport belge que j’ai eu il y a maintenant 3 ans. Je ne savais pas ce qui allait se passer. Pour moi c’est une chance de pouvoir avoir la binationalité. J’aurais bien aimé l’organisation d’un deuxième référendum mais en réalité, ça a pris presque 4 ans pour mettre en place le Brexit donc ajouter un autre vote aurait aggravé encore plus le désastre.

En tant qu’étudiant Erasmus, tu es la dernière génération d’étudiants britanniques à pouvoir profiter de ce programme ?

  • Oui malheureusement c’est la dernière année pour les Britanniques avec Erasmus. Comme nous quittons l’UE nous aurons plus les mêmes financements. Après il y aura surement des accords entre les universités mais ce ne sera pas les mêmes choses. Et ce sera beaucoup moins accessible financièrement. C’est une opportunité gâchée et ça montre un impact concret du Brexit. L’expérience Erasmus n’est vraiment pas commune et montre les richesses et la puissance de l’Europe.

Et après que va-t-il se passer maintenant que le Royaume-Uni a quitté l’Union Européenne ?

  • Sur le plan personnel, avant j’aurais bien aimé vivre au Royaume-Uni mais maintenant ce n’est plus le cas. D’un point de vue global, je pense que le Brexit va avoir un impact négatif des deux côtés. L’économie britannique est assez puissante mais c’est une chute énorme. Mais maintenant il faut accepter le Brexit.