Le mouvement de grève au sein du personnel hospitalier, entamé il y a de cela plusieurs mois, a encore gagné en ampleur, au moment où de nouveaux services se sont joints à la mobilisation. Plusieurs actions et rassemblements ont été organisés depuis le début de la semaine.

Après le rassemblement de lundi matin, et les négociations infructueuses avec la Direction des ressources humaines mercredi, les personnels soignants ont remis ça, ce jeudi. Un nouveau rassemblement s’est tenu devant l’Hôtel Dieu, avec une nouvelle fois la volonté d’interpeller la direction sur les conditions de travail au sein des hôpitaux. Une centaine de personnels soignants étaient présents, entonnant chants et slogans jusqu’à l’intérieur des bâtiments administratifs. Ces derniers ont ensuite bloqué le Pont-Neuf pendant près d’une heure, dans l’objectif de faire entendre leurs revendications.

Manque d’effectifs et conditions de travail dégradées

Plusieurs secteurs avaient décidé, lundi 15 janvier, de rejoindre une mobilisation débutée voilà plus de 100 jours par l’unité de transport 801. C’était le cas notamment des services de traumatologie et d’orthopédie de Purpan. L’Assemblée générale, organisée une semaine plus tard, a abouti à la décision d’intensifier le mouvement.

Il s’agit pour le personnel de protester contre les conditions de travail, rendues toujours plus difficiles par un manque grandissant d’effectifs. Si le problème existe depuis un certain nombre d’années, il a désormais atteint un niveau critique, comme aux urgences d’Auch, où seuls huit médecins travaillent encore, contre 22 nécessaires pour couvrir efficacement le département du Gers. Une situation qui aboutit à des conditions de travail intenables. Les syndicats dénoncent l’introduction d’une logique de rentabilité et de productivité au sein des hôpitaux, ainsi que le management à flux tendus des travailleurs. Une situation qui serait à l’origine, selon eux, de plusieurs suicides de soignants sur leur lieu de travail ces dernières années.

Parmi les principales revendications, les syndicats réclament la signature de protocoles de conflit avec différents services, comme celui de transport prélèvement 801, en grève depuis plus de 100 jours. Des négociations qui porteraient en priorité sur les conditions de prise de congés, rendues difficiles par l’absence de remplaçants potentiels, et des remplacements des personnels soignants.

Une direction dans le flou

A la gronde concernant les conditions de travail, s’ajoute depuis quelques semaines les griefs adressés à la direction du CHU de Toulouse. L’ancien directeur, Raymond Lemoign, a en effet été nommé directeur du cabinet d’Agnès Buzyn, la ministre de la santé, fin décembre, laissant l’intérim à Anne Ferrer.

Or, la désignation de Mme Ferrer à la tête du CHU est aujourd’hui contestée par les grévistes, car l’arrêté de nomination n’aurait pas été publié au Journal officiel. Une accusation récusée par la direction. Toujours est-il que si tel était le cas, cela rendrait caduques toutes les décisions prises par Mme Ferrer, à commencer par les assignations, contraignant les grévistes à une présence obligatoire sur leur lieu de travail. Une situation dont ces derniers espèrent profiter pour favoriser leur dynamique. Un appel a été lancé pour une nouvelle mobilisation mardi 30 janvier par la CGT et SUD.

Tom Binet