Au Mirail, mardi 15 mars, l’amphithéâtre huit était le théâtre de toutes les revendications. Près de cinq cents étudiants s’étaient réunis pour y discuter de leur lutte contre le projet de loi sur la réforme du travail.

La loi, un « saccage monumental »

L’assemblée générale devait débuter à midi trente. C’était sans compter « le quart d’heure toulousain », dont les étudiants profitent pour terminer leurs sandwiches. Clément, du syndicat Solidaires Etudiant-e-s, s’impatiente. « Certains ont cours à quatorze heures, on va peut-être se dépêcher si on veut qu’ils puissent voter », annonce-t-il au micro.
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Pour ce jeune étudiant en master de 23 ans, organiser ce débat était essentiel. « On est indignés par cette proposition de loi », dit-il, l’air interloqué, lorsqu’on lui demande pourquoi. « C’est un saccage monumental de la protection des salariés, des travailleurs », poursuit Clément, « et surtout, on est mécontents qu’une ministre du Travail nous dise que ‘les jeunes n’ont pas à se sentir concernés’». D’après le syndiqué, cela reviendrait à « nier que le monde du travail, c’est ce qui attend les étudiants à la sortie de l’université ».

L’heure des consensus

Comme lui, Jonas a l’impression d’être « pris pour un con ». Ce garçon de 19 ans a choisi de ne pas rejoindre de mouvement étudiant. Il admet regretter que certains « tentent toujours d’imposer leur point de vue ». Pour autant, il les juge indispensables, et se rallie volontiers à leur indignation.
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Selon ce jeune étudiant en sociologie, le projet de loi de Myriam El Khomri n’est d’ailleurs rien d’autre qu’une « idiotie économique ». Un avis que beaucoup partagent durant l’Assemblée générale. Seul Mohamed ose proposer un avis divergeant. Lorsque cet étudiant en première année de sciences du langage qualifie d’« ahurissant, voire utopiste » l’ambition défendue par certains d’un « CDI pour tous », les tribunes le huent.

Une mobilisation « un peu molle »

Les esprits s’échauffent aussi lorsqu’il s’agit de déterminer les moyens d’action. Florian, venu de Paris, estime que la révolte des Toulousains « est un petit peu molle ». « Nous, on a direct bloqué les lycées, en AG ça criait de partout », explique-t-il plein d’entrain, aussitôt ovationné par une partie de l’amphithéâtre.
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Au terme de deux heures de débat, il sera pourtant décidé qu’aucun blocus n’aura lieu ce jeudi. Les jeunes du Mirail attendent d’être « plus nombreux ». Pour l’heure, l’objectif est surtout de mobiliser. Cassandre, membre de l’UNEF, annonce que pour faire « bouger les lignes » jusqu’au retrait du projet de loi, « il faut qu’à la prochaine AG, on soit non plus cinq cents, mais mille, puis la semaine d’après, trois mille ».

Un ras-le-bol plus global

Trois manifestations, prévues pour le mois de mars, sont approuvées avec une large majorité. Alors que l’assemblée se vide peu à peu d’étudiants pressés de partir en cours, un jeune garçon scande au micro qu’il serait temps « d’arrêter de penser à notre petit confort personnel et à la seule réussite de ses partiels ». Pour lui, comme pour beaucoup, un exposé, ou un dossier à rendre n’est pas une excuse valable pour ne pas participer à la lutte.
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Jonas nous explique que si l’engagement est aussi fort, c’est aussi parce que pour certains, ces manifestations contre la loi El-Khomri ne sont qu’un « prétexte à la mobilisation ». « On réduit toujours toute notre existence au travail, on n’est faits que pour servir les patrons », s’indigne-t-il. « Disons que ça, c’est juste la goutte qui fait déborder le vase. Et que tant qu’à faire, autant en profiter pour renverser le vase entier ».