Va-t-on vers la fin des Classes à horaires aménagés (HA) pour la musique et la danse ? Le collège Michelet annexe qui les accueille est menacé de fermeture par le projet de réforme de la carte scolaire toulousaine.

Trop élitistes les Classes à horaires aménagés situées dans le collège Michelet annexe à côté du conservatoire ? C’est ce que semble estimer le rectorat de l’académie de Toulouse. Le 11 janvier, l’Inspection d’académie a décidé, à la surprise générale, d’ajouter la fermeture du collège Michelet annexe à la refonte de la carte scolaire. Ce projet, déjà validé par le Conseil départemental, consistait au départ à fermer et rénover les collèges Raymond Badiou et Bellefontaine à partir de 2018 pour une meilleure mixité sociale des collèges toulousains.

L’avenir des horaires aménagés en suspens

Or, l’intérêt des classes à horaires aménagés est justement de se situer dans ce petit collège accolé au Conservatoire. Les 140 élèves qui y sont scolarisés ont un emploi du temps aménagé pour la pratique intensive de la danse ou de la musique. Ils peuvent donc se rendre au Conservatoire plusieurs fois par jour pour y suivre des cours et utiliser des salles de répétition sur leur temps libre. La fermeture de l’annexe et la répartition des élèves dans des collèges plus éloignés signifierait la fin de ce partenariat, avec à la clé moins d’heures de pratique. En compensation, le rectorat propose de mettre en place des mini-bus pour accompagner les élèves au Conservatoire. Mais les parents craignent que ce temps supplémentaire dans les transports avec des instruments encombrants ne fatigue trop les enfants.

Les classes HA de Toulouse ne sont pas un cas isolé en France: plusieurs ont dû fermer suite à des problèmes de financement comme à Rouen en 2012 ou à Fagnières en 2015. À Saint-Germain-en-Laye, le projet d’en limiter l’accès aux élèves issus de la commune a été abandonné par le rectorat ce 21 janvier.

« Pas touche aux HA »

Le projet est très loin de faire l’unanimité. Le Conseil départemental lui-même s’est désolidarisé du projet, pointant la responsabilité du rectorat qui n’a pas pu répondre à nos questions. Sur les réseaux sociaux, une contestation s’est montée derrière le mot d’ordre « Pas touche aux horaires aménagés ».

« Ça a été une réaction épidermique au massacre prévu par l’Inspection académique. Ce collège représente beaucoup pour moi et j’ai fait la seule chose qui était à ma portée. »

Guillemette Robilliard, ancienne élève du collège, a créé une pétition en ligne, puis une page Facebook « sans grande ambition au départ ». Ce qui ne l’a pas empêchée de récolter plus de 5 000 signatures, et l’attention de médias comme France Musique. « Le personnel du collège et celui du Conservatoire sont soumis à un strict devoir de réserve. Je sers donc d’intermédiaire puisque je suis plus libre de mes paroles. Je suis en lien permanent avec les parents délégués et les professeurs des deux établissements. » Pour protester contre l’idée que les classes à horaires aménagés poseraient un problème de mixité sociale, la petite équipe qui s’est montée publie régulièrement des portraits d’anciens élèves qui insistent tous sur l’importance qu’ont joué les classes HA dans leur parcours. Pour eux, les élèves venaient de tous horizons mais partageaient la passion de leur art. Quant aux élèves actuellement scolarisés à Michelet annexe, « même s’il a été conclu qu’ils finiront leur scolarité ici, ils vivent très mal la situation, très floue. »