Malgré l’état d’urgence et ses conséquences, certains ne lâchent rien. Quelques militants antifascistes se sont rassemblés, samedi soir, contre un meeting du Front National, avant d’être contraints à quitter les lieux par la police.

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Bravant l’interdit préfectoral, une vingtaine de militants antifascistes se sont rassemblés mordicus, samedi 21 novembre à 18 heures, au métro Esquirol à Toulouse, « contre le meeting du Front National ». Et ce, en dépit même de l’annulation de la mobilisation, prononcée conjointement dans la journée par les deux organisateurs : l’Union Antifasciste de Toulouse (UAT) et la Confédération Nationale du Travail (CNT).

« Beaucoup se sont sûrement découragés », murmure un militant présent ce soir-là. D’autres n’ont pas tenté le diable. Dans l’embouchure du métro, une petite poignée de CRS surveille la foule compacte, signe que la préfecture ne prévoyait pas une grande mobilisation. Un faible effectif policier, lié aussi à la présence surnuméraire des CRS, le même jour, pour encadrer la marche « contre la barbarie », en commémoration des attentats du 13-Novembre à Paris.

« Avec si peu de monde, on ne fera pas le poids »

La bouche de métro Esquirol devait constituer le point de départ d’une courte marche jusqu’à la salle Jean Mermoz, sur l’île du Ramier, où se tenait un meeting électoral du Front National. « Mais avec si peu de monde, on ne fera pas le poids », fait remarquer un manifestant. Après vingt minutes d’attente et d’incertitude sur la marche à suivre, la petite foule se voit notifier par un officier de police, comme le veut le protocole, l’interdiction « de ce rassemblement sur la voie publique » en raison de « l’état d’urgence », qui autorise cette pratique sans que la préfecture n’ait à motiver sa décision.

L’officier raille : « Allez donc manger une pizza, boire une bière et refaire le monde ». « On est trop déçus… », rétorque une militante. Quelques minutes plus tard, ils quittent les lieux sans protester, et s’engouffrent dans le métro.

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État d’urgence local

Cette interdiction est une transposition locale de l’état d’urgence, décrété vendredi 13 novembre par le Président de la République à la suite des attentats qui ont frappé Paris, impliquant des prérogatives accrues des forces de police. Il a été prolongé pour trois mois par le Parlement, et appliqué sur tout le territoire.

Habituée des cortèges antifascistes, la ville rose a connu des rassemblements antifas d’une toute autre ampleur par le passé, comme lors des marches commémoratives contre l’extrême droite, en juin 2013, après la mort de Clément Méric, tué par des skinheads, qui ont draîné des centaines de manifestants.