Fortes du succès des éditions précédentes, les Assises du journalisme et de l’information se sont déroulées pour la cinquième année consécutive. Après Lille et Strasbourg, c’était au tour de Poitiers d’accueillir la manifestation, les 8, 9 et 10 novembre 2011.

Pour l’occasion, la ville avait mis son Théâtre Auditorium à disposition de l’association Journalisme et Citoyenneté*, présidée par Jérôme Bouvier, où se sont rassemblés plus de 1 000 participants. Beaucoup étaient des professionnels de l’information, rejoins par ceux que d’aucun qualifieraient de « simples citoyens ».

François Bayrou, Jérôme Bouvier et Nicolas Demorand

« Toutes les professions ont des rendez-vous annuels marquants. Jusqu’en 2007, ce n’était pas le cas du journalisme. Or, on ne pouvait pas rester sans rien faire face à la crise de confiance dont souffrait notre métier. Une crise qui était d’ailleurs encore plus prégnante il y a cinq ans, explique l’organisateur de l’événement. Il fallait également sortir de l’idée selon laquelle puisque tout le monde pouvait ouvrir un blog, tout le monde pouvait être journaliste. C’est une hérésie totale ».

Pour Jérôme Bouvier, si les journalistes ne sont plus aujourd’hui les seuls détenteurs de l’information, « ce sont toujours eux qui la vérifient, et qui la mettent en perspective ».

Pendant ces trois jours intensifs, les matinées ont été ponctuées par des ateliers professionnels, articulés autour de sujets qui font désormais le buzz au sein du microcosme médiatique. Le traitement de l’information dans les quartiers populaires, la possibilité pour les entreprises de presse de fusionner leurs rédactions imprimées et numériques, ou encore le renouvellement de l’information de proximité sont autant de questions qui ont été soulevées par les participants.

Transparence et nouvelles technologies

Pour autant, le thème phare de cette édition 2011 était la transparence. Abordée sous l’angle du développement du fact checking (vérification des faits)-nouvelle forme de journalisme qui consiste en la vérification de la parole des politiques-sous l’angle des conflits d’intérêt ou encore de l’éthique, la transparence était au cœur des discussions. « Plus l’émergence de nouvelles technologies bouleverse l’exercice quotidien de notre métier, plus ces changements nous renvoient à nos fondamentaux », explique Jérôme Bouvier.

Yves Agnès, ancien rédacteur en chef du Monde, aujourd’hui président de l’Association de Préfiguration d’un Conseil de Presse (APCP), a d’ailleurs réaffirmé sa position en faveur de la création d’un observatoire des pratiques déontologiques dans les médias.

Si la transparence était à l’honneur, ces Assises ont également fait la part belle aux évolutions technologiques. La présence d’écrans géants dans les salles où se déroulaient les ateliers, n’a certes rien d’inédit. Pourtant, grâce aux nombreux tweets émis par les participants, il était possible de suivre l’actualité de tables rondes qui se déroulaient simultanément. Alors qu’il animait un débat avec François Bayrou, candidat du Mouvement Démocrate à l’élection présidentielle, Nicolas Demorand suivait sa propre prestation sur Twitter : « Il y a quelqu’un qui dit que ça ressemble à une pièce de théâtre », relève le directeur de la publication et de la rédaction de Libération.

« Or, la plateforme de microblogging Twitter n’existait pas il y a cinq ans, rappelle Jérôme Bouvier. Ce qui montre à quel point la profession se trouve dans une période de grands changements ».

D’autres débats ont eu lieu, opposant les grands pontes du journalisme à des personnalités politiques, officiellement présentes pour « détailler les projets démocratiques auxquels ils aspirent », selon la formule consacrée par l’organisateur.

Emprunt d’une certaine connivence, le tandem Edwy Plenel, fondateur de Médiapart, et Eva Joly, candidate Europe Ecologie Les Verts à l’élection présidentielle, a laissé l’assemblée sceptique. Un Jean-Luc Mélenchon, candidat du Parti de Gauche, attendu au tournant s’est, quant à lui, livré à un exercice de style salué du public face à Nicolas Demorand. Ségolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes, était absente sur ses propres terres. Elle a été remplacée par Vincent Peillon, venu donner la réplique à Gérard Leclerc, PDG de LCP-AN, pour une ultime confrontation.

Pour retrouver les moments forts des assises, c’est ici.

*L’association Journalisme et Citoyenneté a été créée par Jérôme Bouvier, ancien directeur de la rédaction de France Culture et de RFI, médiateur de Radio France depuis novembre 2009. Depuis 2007, elle a mis en place un projet « Vu des quartiers », qui a pour but d’expérimenter une forme de journalisme participatif, en associant des citoyens, habitants des quartiers, à des journalistes volontaires.