Installé depuis un an aux Argoulets, le Centre municipal des arts du cirque a été honoré lors du 30ème Festival mondial du cirque de demain. Une récompense qui salue une démarche originale et audacieuse poursuivie depuis vingt ans.

Ceux qui ont connu le Lido du temps de l’ancienne salle de cinéma sise avenue Saint-Exupéry et dont il tire son nom, regardent d’un œil admiratif ce qu’il est devenu. Fondé en 1988 autour d’une vingtaine d’enfants et de quelques adultes, le Lido est aujourd’hui l’un des fleurons hexagonaux des arts circassiens. Le moderne chapiteau qui abrite désormais sur 1400 m2 les différents ateliers ainsi qu’une salle de spectacle de 250 places, s’affiche comme le symbole de la réussite de ce cirque pas comme les autres.

Les artistes récompensés dans les divers festivals et manifestations témoignent également de l’effervescence du Lido et d’une recherche sans cesse renouvelée des disciplines du cirque. Lors du dernier Festival mondial du cirque de demain, qui s’est déroulé à Paris en février dernier, deux pensionnaires du Lido ont été primés. Etienne Saglio a reçu la médaille de bronze et le Prix du Club du cirque français et Guillaume Martinet le Prix spécial du Jury. L’année précédente, sept prix avaient été attribués au cirque toulousain.

Carrefour d’influences

Né d’une volonté municipale de soutien à la pratique du cirque amateur, le Lido doit beaucoup à la conception noble et humaniste que son fondateur Henri Guichard, disparu en janvier dernier, avait du cirque. « Henri défendait un projet éducatif et pédagogique. Il envisageait le cirque comme un partage avec des valeurs autour desquelles les enfants peuvent se développer et atteindre une forme de plénitude » confie Francis Rougemont, l’actuel directeur du Lido. Dès 1993, le succès des compagnies d’enfants conduit à la mise en place de 25 ateliers de création répartis aux quatre coins de la ville ainsi que d’une filière de professionnalisation.

Le Lido devient alors un lieu d’échange extrêmement vivant où amateurs et professionnels se côtoient autour des planches à rouleaux, fils, trapèzes et quilles de jonglage. L’exigüité de l’endroit en fait tout le sel et la saveur. De ce manque d’espace certaines créations ont vu le jour, notamment un numéro de jonglage dans une caisse en plexiglas, restées dans une sorte de mémoire collective dont le beau livre d’Henri Guichard, Essais de cirque, donne un touchant aperçu. C’est aussi l’époque où des compagnies telles Les Acrostiches, Vis-à-vis, et plus tard Petit-travers ou encore Remise à 9, réalisent des performances qui ne passent pas inaperçues. Reléguant en bout de table les stériles querelles entre cirque traditionnel et contemporain, le Lido promeut la créativité, la générosité et un syncrétisme des disciplines lorgnant entre autres sur les apports de la danse et du théâtre.

Renommée internationale

De l’avenue Saint-Exupéry aux Argoulets, la démarche et les principes restent identiques : « Maintenir le lien, c’est le nerf de la guerre. Entre professionnels et amateurs, enfants et adultes, anciens et actuels pensionnaires. En moyenne, un élève passe cinq ans à nos côtés et nous ne coupons jamais le cordon une fois qu’il est parti. La porte est grande ouverte et chacun peut revenir » poursuit Francis Rougemont. Reconnu par La Fédération européenne des écoles de cirque professionnelles, le Lido accueille plus de 500 pratiquants, forme une quinzaine de professionnels chaque année et reçoit près de 250 demandes d’adhésion, dont une bonne part en provenance de l’étranger, prouvant ainsi que les valeurs de compagnonnage sont solubles dans un développement d’envergure.

Par ailleurs, les « studios de création » aident des jeunes compagnies à monter leur propre projet, tandis que le festival annuel Caravane de Cirques, organisé conjointement avec l’association La Grainerie à Balma, permet au public de découvrir les créations du Lido. Soucieux de préserver le dynamisme d’un cirque brassant les influences, le Lido continue d’ouvrir des voies et de défendre une certaine idée du cirque.

à consulter : www.lido.toulouse.fr
à lire : Henri Guichard, Essais de Cirque, Le Lido, centre des art du cirque de Toulouse, textes recueillis par Michel Mathe, photographies Christophe Trouilhet, Editions Privat, 17 euros.