La manifestation organisée le 13 janvier, sur la place Arnaud Bernard, par le collectif Paris animaux zoopolis (PAZ) a cherché à mettre en lumière le combat contre les pratiques de stérilisation mise en place par la mairie de Toulouse. L’association accuse la ville de pratiques cruelles.
« Pigeon, oiseau à la grise robe, dans l’enfer des villes, à mon regard, tu te dérobes, tu es vraiment le plus agile.» Cette déclaration d’amour prononcée par Benoît Poelvoorde, dans le film, C’est arrivé près de chez vous, ne risque pas d’être employée par la mairie de Toulouse. Depuis février 2022, la ville est dans le viseur de l’association PAZ, qui défend la cause animale, pour sa gestion des pigeons. « Ils utilisent des méthodes cruelles pour stériliser les pigeons de la ville », avance Amandine Sanvisens, cofondatrice de la PAZ en 2017. Une pétition adressée à la mairie a déjà recueilli plus de 650 signatures.
Des méthodes qui divisent
La mairie de Toulouse indique sur son site internet utiliser des pratiques dans « le respect de la condition animale », comme la capture par lancer de filet ou par cage volière puis stérilisation chirurgicale sous anesthésie. « La stérilisation chez les oiseaux ça n’est pas la même chose que pour les chiens et les chats », précise Amandine Sanvisens, « près de 6 % des pigeons ne survivent pas à l’opération ». La mairie de Toulouse, quant à elle, avance le chiffre de 3 % de mortalité lors de ces opérations ce qui correspond à une cinquantaine de volatiles.
« Mais ce ne sont, en aucun cas, des méthodes barbares. Nous ne tuons pas les pigeons, nous les taguons et les stérilisons. C’est la méthode la plus efficace pour éviter leur surpopulation qui engendre des nuisances et des problèmes sanitaires », explique Françoise Ampoulange, conseillère municipale en charge de l’animal dans la ville, à la Dépêche.
La société SACPA, chargée d’effectuer les stérilisations, présente cette méthode comme « une alternative moderne et efficace ». Parmi les pigeons sélectionnés, la société affirme pratiquer systématiquement une anesthésie sous contrôle d’un vétérinaire, de les baguer et de les garder deux jours en observation avant d’être relâchés.
« Aucune étude ne montre l’efficacité de ces procédures, de plus, ils disent baguer les pigeons stérilisés, je n’en ai jamais vu à Toulouse et pourtant, je fais attention », s’emporte Amandine Sanvisens. En 2022, selon la mairie, près de 3 500 pigeons ont été capturés, parmi eux, 1 500 ont été stérilisés. Le reste des volatiles, considérés comme non sain, sont éliminés.
L’association PAZ continue d’accuser la ville de Toulouse de gazer les pigeons non sélectionnés. Lors du Conseil municipal du 10 mars 2023, Françoise Ampoulange a précisé, suite à un vœu du groupe Europe Écologie-Les Verts, qu’aucun gazage n’était effectué. « Non, je ne suis pas la tortionnaire des pigeons toulousains […] à Toulouse nous ne gazons pas les pigeons ».
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Actu Toulouse
Vivre en harmonie avec le pigeon
Le sociologue américain Colin Jeromalck définit le volatile comme un animal global dans son ouvrage, The global pigeon. « Le pigeon est global parce qu’il incarne la mondialisation urbaine, le processus de gentrification». Véritable compagnon de ville et devenu indésirable ces dernières années, le pigeon de ville jouit d’une popularité équivoque.
L’association Stéphane Lamart préconise dans un rapport, une « approche harmonieuse, de tenter de vivre avec le pigeon et d’intervenir sur les facteurs favorisant sa surpopulation ». Pour ce faire, la mairie de Toulouse dispose de trois pigeonniers contraceptifs. La technique consiste à stériliser les œufs et à en installer des factices afin de limiter les couvées. Un quatrième pigeonnier est prévu pour le premier trimestre 2024.
« Pour nous, ces pigeonniers, c’est de la communication de la part de la mairie » , fustige Amandine Sanvisens. « Nous préconisons l’usage du maïs contraceptif pour réguler la population. À Barcelone, cette technique a permis de réduire de moitié la population de pigeons. Elle est également utilisée à Quimper ». Cette technique de stérilisation est rendue possible par la nicarbazine. Ce médicament, présenté sous la forme d’un grain de maïs, est ingéré par les pigeons et empêche l’éclosion des œufs.
La mairie de Toulouse n’a pas répondu aux sollicitations d’Univers-Cité sur ses pratiques de régulation.
Afin de mettre un terme à ces méthodes, l’association PAZ fait pression au niveau législatif en interpellant des élus et le ministère de la transition écologique. Elle espère pouvoir faire interdire en 2024, les pratiques de régulation qu’elle juge cruelle.