Jeudi 5 octobre, la dessinatrice franco-libanaise Zeina Abirached était de passage à Toulouse. Elle a présenté son dernier livre, «Le Piano Oriental», lors d’une conférence au musée des Abattoirs. Un hommage à son arrière-grand-père, mais aussi au bilinguisme.

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Le piano oriental, Zeina Abirached le décrit comme «une espèce de piano bilingue», qui peut jouer à la fois les sonorités classiques et le sonorités orientales. Encore au Liban chez le grand-père de la dessinatrice, ce piano, «qui ressemble à tous les autres pianos droits du monde», a la particularité de jouer le quart de ton de la musique orientale, alors que l’intervalle entre les touches d’un piano ordinaire est d’un demi-ton.

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Ce piano unique a été conçu par l’arrière-grand-père de Zeina Abirached, nommé Abdallah Kamanja dans la bande-dessinée, fiction inspiré de sa vie. En 1949, Abdallah Kamanja est à Beyrouth et reçoit une lettre de Vienne, de la part d’un fabriquant de piano très connu, qui l’invite dans ce courrier à se rendre en Autriche pour lui présenter ce fameux piano.

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Le défi que s’est lancé Zeina Abirached ? «Dessiner la musique, c’est l’envie que j’avais dès le départ. Trouver comment rendre visuel le rythme et la mélodie. J’ai donc procédé par un code graphique, en travaillant le motif et les répétitions, pour que le livre soit aussi sonore que visuel».

«Le Piano Oriental» est un double récit. On y trouve la fiction de la vie de l’arrière-grand père de l’auteur, mais ce récit est aussi enchevêtré avec une autre histoire, celle de Zeina Abirached elle-même.

«A partir du moment où je me suis dit que ce piano oriental était un instrument bilingue, le mot était lâché. J’ai eu très envie de faire un lien avec mon propre bilinguisme et mon rapport avec mes deux langues maternelles que sont le français et l’arabe, que j’ai appris en même temps au Liban. Je me suis dit que se serait intéressant de tricoter quelque chose entre le destin de ce piano oriental et ma vie d’aujourd’hui, entre deux cultures, deux pays, deux langues.»

L’histoire de son arrière-grand-père et de son piano pourrait bien même n’être qu’un prétexte inconscient de l’auteur pour raconter sa propre histoire.

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Dans «Le Piano Oriental», Zeina Abirached revient sur le besoin du recul et sur la liberté que permettent la fiction. Une belle illustration de la capacité de la bande dessinée à jouer entre le texte qui porte le récit, et le dessin, qui peut raconter tout autant, sinon plus.