La commission publique chargée d’étudier le projet de LGV entre Toulouse et Bordeaux a remis lundi 30 mars son rapport au Préfet de Midi Pyrénées : elle émet un avis défavorable. Retour sur l’histoire du projet.
L’idée d’une ligne à grande vitesse (LGV) entre Toulouse et Bordeaux a germé il y a plus de vingt ans, dans la volonté de réduire le temps de trajet entre la ville rose et la capitale. Au début des années 2000, un projet prévoit une ligne reliant Bordeaux Saint-Jean et Toulouse Matabiau, avec deux arrêts intermédiaires à Agen et Montauban. Établi en 2013, le tracé définitif se heurte depuis à des oppositions de toutes parts. Et l’avis défavorable de la commission d’enquête chargée de se prononcer sur l’utilité publique du projet vient de lui porter un nouveau coup d’arrêt. Le fin mot de l’histoire ?
La décision de la commission
La commission d’enquête devait recueillir les avis de toutes les branches concernées, de la SNCF aux agriculteurs. Elle a établi qu’ « aucune catégorie, syndicats professionnels, associations, collectivités locales, et même entreprises, n’est majoritairement favorable au projet ». Selon les enquêteurs, le projet représente une « infrastructure lourde pour un service non garanti ». Ils considèrent que les alternatives à la grande vitesse ont été insuffisamment explorées, tout comme les impacts environnementaux.
Contestation des riverains
Les habitants résidant aux abords du tracé de la ligne avaient vu rouge en 2013. D’autant que le projet s’accompagne d’un aménagement ferroviaire de la gare Matabiau qui aurait remodelé le quartier. Les « anti-LGV » dénoncent aussi les coûts annoncés, au moins 8 milliards d’euros. « Depuis le début, nous expliquons que la solution est la modernisation des lignes actuelles », explique à La Dépêche du Midi Charles d’Huyvetter, porte-parole des associations regroupées du Lot-et-Garonne, la Coordination 47.
Une conclusion qui semblait obtenir un large consensus, sauf chez les élus.
Un train pas très écolo
Pour la commission, « les pertes par destruction directe de la faune et de la flore ne sont pas analysées ». Un cheval de bataille plutôt ancien pour des associations écologistes comme Sepanso, fédération aquitaine des associations de protection de la nature, qui dénonçait l’absence de réelle compensation concernant le reboisage notamment. Le projet prévoyait en effet la destruction de 4830 hectares d’espaces naturels dont 2800 de forêts.
Réactions des élus
Pour Martin Malvy, président du Conseil régional, Toulouse et sa région ne « peuvent pas demeurer à l’écart d’un réseau national et européen à grande vitesse ». « Toulouse, quatrième ville de France à plus de 4 heures de Paris, Bordeaux à 2 heures : ce déséquilibre n’est pas envisageable », a-t-il déclaré.
Pour le président du Ceser (Conseil économique, social et environnemental régional), Jean-Louis Chauzy, « un véritable combat doit être mené ». « Le renoncement serait catastrophique en termes d’image et de compétitivité pour les territoires concernés.», affirme-t-il.
Le président de la Région Aquitaine Alain Rousset, le président de Bordeaux Métropole Alain Juppé ainsi que le président de Toulouse Métropole Jean-Luc Moudenc veulent désormais être reçus par Alain Vidalies, Secrétaire d’État chargé des Transports. Selon eux, « seules de nouvelles lignes vers le Sud permettront de répondre aux besoins croissants de mobilité de nos territoires ».
La suite des évènements
C’est le gouvernement, après un avis du Conseil d’État, qui devra se prononcer en dernier lieu sur la déclaration d’utilité publique du projet dans un délai de 18 mois, soit avant le 8 juin 2016. Le cercueil de la LGV n’est donc pas encore définitivement scellé.