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Encore inconnu du grand public il y a deux ans, Barack Obama, a réussi à inverser la tendance et à emporter l’élection présidentielle aux Etats-Unis. Outre les erreurs de Mc Cain et les points forts d’un candidat symbolisant le changement par rapport aux années Bush, la victoire d’Obama repose sur une campagne impressionnante et novatrice, mêlant réseaux virtuels et réseaux humains. Le nom de cette énergie collective : »The Movement« .

Une force sur Internet et sur le terrain

Jamais campagne électorale n’avait réussi à faire se croiser aussi bien les nouvelles technologies et les méthodes traditionnelles des campagnes électorales. Certes, les grands « networks » traditionnels de médias présentent encore l’avantage de s’adresser à l’ensemble de la population, mais 42% — et 55% des jeunes de moins de 30 ans — se sont informés politiquement par Internet.
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The Movement, c’est la complémentarité entre un gros travail de terrain et l’utilisation des outils en ligne pour tisser un vaste réseau de soutiens.
D’abord géré par une équipe de professionnels aguerris aux nouvelles technologies, la structure de cette organe tentaculaire est pyramidale : les cadres du Movement communiquent leurs consignes sur le terrain, par tous les moyens de communication (téléphone mobile, internet) afin de mobiliser des dizaines de milliers de bénévoles.
Des bénévoles qui à leur tour,se sont mobilisés : porte-à-porte, distribution de tracts, mise en ligne des coordonnées des nouveaux soutiens ainsi que des quartiers qu’ils viennent de visiter… Avec cette méthode, tout le territoire a été couvert méthodiquement. Pendant ce temps, les remontées du terrain ont modifié les approches du Mouvement : c’est donc dans un effet de balancier que s’est élaborée la stratégie électorale.

Facebook, Myspace, MyBo : Obama, conquérant des réseaux

Internet est le point de départ du Movement. Débutée très tôt, la campagne en ligne de Barack Obama est un véritable succès : les étudiants américains ont créé dans chacune des universités des Etats-Unis des groupes de soutien, notamment en utilisant Facebook[ [http://www.facebook.com/barackobama ]] et Myspace [ [http://www.myspace.com/barackobama ]], qui ont été l’autre révélation de cette campagne sur le Web : 50 % des moins de trente ans y ont cherché des informations ou partagé leur point de vue, une tranche d’âge qui est le cœur de cible de ces sites communautaires.
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Surtout, Barack Obama a créé son propre réseau social, My.barackobama.com [ [http://www.barackobama.com ]], sur lequel un million de personnes sont inscrites, plutôt qu’un site Internet classique qui aurait pus s’appeller « barackobama.com ». Avec ce site, il a confié sa campagne aux internautes. À travers ce réseau social, ses supporteurs rencontrent et recrutent d’autres personnes, et, éventuellement, lèvent des fonds. Une campagne qui a consisté à nouer des relations d’abord, la question d’argent n’arrivant qu’au second plan. Un avantage sur McCain, qui proposait dès la page d’accueil de son site de « faire une contribution« .

La collecte de données, une arme décisive

L’arme absolue de ce Movement a sans doute été la collecte de données internet et téléphoniques. Sur Internet, les coordonnées sont collectées par Etat mais aussi par origine ethnique. Ainsi, l’équipe d’Obama a utilisé cette immense base de données pour envoyer des SMS ou téléphoner aux sympathisants, en anglais, mais aussi en espagnol pour ceux qui appartenaient à la communauté hispanique.

La publicité à la télévision a aussi été mise à contribution : certains spots demandaient aux téléspectateurs de soutenir Obama en envoyant « Hope » au 62-262. Aussitôt, les numéros de téléphone portables étaient enregistrés dans la base de données, celle-ci devenant encore plus complète que les panels des instituts de sondage qui n’ont souvent accès qu’aux téléphones fixes.

Contrairement aux anciennes campagnes électorales, l’équipe d’Obama ne s’est donc pas contenté de construire un réseau virtuel. La force du Movement est d’avoir réussi à convertir les internautes en bénévoles de terrain.