Grands perdants de l’entrée en vigueur de l’interdiction de fumer dans les lieux publics, les bars à chicha de Toulouse sont au pied du mur. Représentant plus de la moitié du chiffre d’affaire des établissements, l’arrêt de la vente de tabac pour narguilés provoque l’inquiétude et parfois la colère parmi les commerçants concernés.

Pour la gérante du Shanti, l’un des plus vieux bars à chicha de Toulouse, l’avenir passe par la reconversion : « Je développe un concept unique. En plus du salon de thé, nous proposons des crêpes que le client pourra composer lui-même ». Malgré tout, le début du mois de janvier est marqué par une forte baisse de la fréquentation. « C’est très calme depuis le premier janvier. Je suis très inquiète, j’ai du mal à trouver le sommeil la nuit » explique la patronne, Alya. L’absence d’indemnités et le passage fréquent de la police ne contribuent pas à la rassurer : « notre syndicat tente de dialoguer avec le gouvernement, mais pour l’instant ça n’a rien donné» déplore-t-elle.

Une interdiction pas appliquée partout

Pourtant, certains bars à chicha de Toulouse ne s’avouent pas vaincus et continuent de proposer des narguilés à leurs clients. « C’est une forme de résistance », explique le gérant de l’établissement. « Le syndicat est toujours en négociations avec les pouvoirs publics. Et si finalement rien ne bouge, il attaquera le décret en justice ». Les contraventions, pourtant dissuasives, ne semblent pas effrayer ce jeune patron : « Même en payant les amendes, l’affaire reste plus que rentable. En plus, depuis le début de l’année, un seul bar à chicha s’est fait verbaliser en France. Je pense que la police tolère la situation en attendant la fin de la concertation avec le gouvernement ».
_ Trois établissements sur Toulouse continueraient de proposer des narguilés. « Les autres collègues attendent et ne sont pas encore décidés », indique le gérant. «Nous ne sommes pas contre l’interdiction. D’ailleurs la cigarette est interdite dans mon bar pour bien montrer que la chicha est différente et que la loi nécessite des aménagements » conclut-il.

Reçue le 8 janvier dernier au Ministère des Finances, l’Union des Professionnels du Narguilé revendique « le droit à travailler» et continue d’appeler ses adhérents à maintenir les bars à chicha ouverts. De son côté le gouvernement s’est félicité de la mise en place d’un dialogue constructif.