Jeudi 26 octobre à 9h30 du matin, la police investit le Clandé, squat toulousain existant depuis dix ans. Les quelques occupants sont évacués par la force, mais rapidement ils informent leurs contacts de la situation. Au cours de la journée, une manifestation d’environ 200 personnes prend forme vers St-Sernin afin de soutenir les expulsés. Vers 21 heures, presque par hasard, une partie des manifestants repassent devant le squat. Ils s’aperçoivent alors que le lieu est peu gardé (un vigile avec son chien) et le réinvestissent sans violence.

Culture et indépendance

Dès le lendemain, les activités de ce squat culturel et politique reprennent. Concerts de jazz, de punk, d’électro et d’autres styles ont lieu. Le programme comprend également des soirées slam (poésie), théâtre, un atelier gravure, des expos photos ou peinture. L’activité régulière du squat est représentée par l’ infokiosk : une librairie gratuite avec des ouvrages et des revues à consulter, et des brochures en vente à prix libre. L’idée : proposer des écrits indépendants pour soi-même ou pour en débattre. Le lieu accueille aussi divers collectifs qui y tiennent leurs réunions.

Les squatters ne se revendiquent d’aucun parti ni syndicat, mais se positionnent clairement contre le capitalisme et qualifient leurs apéros ou déjeuners de « révolutionnaires ». Leur idéologie se trouve avant tout dans leur mode de fonctionnement : l’autogestion ou « organisation horizontale ». Julien (*), un des squatters du Clandé, explique qu’ « il n’y a pas de hiérarchie, on décide tous ensemble en assemblée générale du programme et des actions à mener ». Leur idéal est de pouvoir fonctionner en « libre expression », sans être soumis à des influences extérieures.

La menace de l’expulsion

Une autonomie revendiquée, mais dont la forme choisie a un prix : celui de l’illégalité. Le squat existe depuis 1996 dans les locaux d’une ancienne maison de passe, le Mayflower (l’enseigne est encore visible). L’immeuble appartient à la Ligue Nationale Contre le Cancer. Après avoir octroyé un bail d’occupation précaire pendant cinq ans, elle a souhaité le récupérer en 2000. Des poursuites judiciaires sont alors engagées, aux termes desquelles les occupants se retrouvent dans l’illégalité.

Cette situation durait donc depuis cinq ans, mais elle a pris une nouvelle tournure avec l’intervention policière du 26 octobre dernier. Même s’ils ont réinvesti les lieux, les occupants reconnaissent qu’ils sont obligés de se barricader plus qu’avant et de limiter certaines de leurs activités. L’avenir du Clandé est au cœur des discussions des squatters, conscients de la menace d’expulsion permanente. Ils prévoient une manifestation « burlesque clandéthon » ce samedi 18 novembre à partir de seize heures place Arnaud Bernard.

(*) prénom fictif afin de conserver l’anonymat de la personne