Un homme de 23 ans comparaissait devant le tribunal correctionnel de Toulouse pour refus d’obtempérer aggravé. Crédits : Archives Mathieu Delaunay.
Le 28 janvier, un homme de 23 ans comparaissait devant le tribunal correctionnel de Toulouse, pour refus d’obtempérer aggravé. Alors que les gendarmes affirment l’avoir reconnu au moment des faits, le prévenu n’a cessé de clamer son innocence.
Une comparution, pas si immédiate. Le 28 janvier 2025, un homme de 23 ans comparait devant le tribunal correctionnel de Toulouse pour un refus d’obtempérer aggravé, qu’il aurait commis le 4 février 2024, à Labège (Haute-Garonne). Niant son implication dès le début de l’enquête, le jeune homme poursuit sa ligne de défense à la barre : « La voiture est à mon nom, mais ce n’est pas moi qui conduisais ». Pourtant, les deux gendarmes qui ont tenté de contrôler le véhicule assurent dans le dossier avoir reconnu le conducteur, avant que celui-ci ne fasse mine de ralentir et reparte à toute allure. L’un deux avait déjà eu affaire au prévenu quelques temps auparavant, lors d’une bagarre.
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Lorsque la voiture fuit le contrôle, les deux militaires se lancent à sa poursuite. Le chauffeur devient rapidement dangereux, allant jusqu’à prendre une route et un rond-point à contre-sens. Une collision est évitée de justesse avec un autre véhicule. Face à ce qu’ils estiment être une situation dangereuse pour les autres automobilistes, les forces de l’ordre abandonnent la course-poursuite. Finalement, lors de l’interpellation du prévenu au mois d’août, sa version est confrontée à celle des gendarmes. « C’était pas une confrontation, c’était un trois contre un », s’indigne-t-il à la barre.
« Pas de doute du côté des gendarmes »
Le président l’interroge ensuite sur l’identité du mystérieux conducteur. « Cette affaire date d’il y a un an, je ne sais plus à qui je l’ai prêté », lui répond le jeune homme. Il déclare finalement plus tard « ne plus avoir contact » avec la personne à qui il aurait prêté son véhicule. Le menton rentré dans sa veste kaki, il affirme qu’il était à Montauban, « chez [sa] mère », le jour des faits. Son permis était alors suspendu.
Lorsqu’il comparait aujourd’hui, il est déjà incarcéré pour une autre condamnation. C’est la troisième sur son casier judicaire. Le ministère public affirme à nouveau qu’il n’y a « pas de doute du côté des gendarmes », et requiert douze mois de prison avec maintien en détention, assortis d’une confiscation du véhicule et de l’annulation du permis de conduire.
Relaxé
Du côté de la défense, on interroge une « procédure qui n’est pas parfaite ». « Il y aurait dû y avoir plus d’investigations, s’indigne l’avocate du jeune homme. Il n’y pas eu de téléphonie pour savoir où était Monsieur au moment des faits, et personne n’a interrogé sa mère pour savoir s’il était vraiment chez elle ! ». Elle soupçonne une « animosité entre les gendarmes et le prévenu, par rapport à une ancienne bagarre ».
Au vu du dossier qu’elle estime « vide », l’avocate plaide la relaxe. Le tribunal décide de la lui accorder, estimant que les pièces du dossier « n’ont pas de valeur probante ». C’est avec un soupir de soulagement que le vingtenaire quitte l’audience.