Médaillé de bronze aux JO Pékin en quatre de couple, vice champion du monde en 2007, neuf fois champion de France, le palmarès en aurait satisfait plus d’un. Mais Cédric n’est pas du genre à vouloir faire de la figuration. A peine l’entraînement repris que toutes les attentions se tournent désormais vers Londres, en 2012. Rencontre avec un Toulousain de 23 ans aussi sympathique qu’ambitieux.
Comment t’est venu ce désir de pratiquer l’aviron en compétition ?
C’est avant tout une passion familiale. Mon père et mon oncle ont tous deux été internationaux juniors à leur époque. Qui plus est ce dernier est aujourd’hui Directeur technique national ; j’ai donc été baigné très tôt dans la pratique de ce sport même si mes premiers coups de rame ne datent que de mes 15 ans. A cette époque, je pratiquais l’escrime depuis 7 ans mais sans réellement percer. Je me suis mis à l’aviron tout simplement parce que j’ai compris que je pouvais y exceller, cela a vraiment été l’élément déclencheur.
Quelles sont dans ton cas les contraintes liées à la pratique d’un sport à haut niveau ?
Et sur le plan purement physique, comment se déroule ta préparation ?
L’aviron est un sport extrêmement complet, la totalité des muscles étant mis à l’épreuve à chaque coup de rame. Ainsi, vu la dépense énergétique qu’il procure je n’ai pas besoin d’un régime alimentaire particulier. Pour autant j’ai des séances de musculation trois fois par semaine, mais ce n’est pas là l’essentiel du travail. Le rameur doit avant tout endurer la douleur et la répétition de l’effort pour se préparer. C’est un travail harassant au quotidien, et le moindre arrêt, ne serait-ce qu’un mois et demi comme pour cet après JO, laisse des traces. J’ai perdu le rythme et il me faudra un peu de temps avant de retrouver le niveau qui était le mien avant cette compétition.
Comment te prépares-tu concrètement à une compétition, sachant que tu t’entraînes seul mais que tu pratiques un sport collectif ?
Chacun s’entraîne en effet dans son coin dans un bateau individuel que l’on appelle le skiff. Nous nous retrouvons ensuite lors de stages où nous travaillons la cohésion et la synchronisation, le but étant de trouver la même façon de ramer chez les quatre compétiteurs. Pour un oeil non averti, les coups de rame semblent parfaitement synchronisés, mais c’est pourtant là que se fait la différence. C’est un travail de minutie. L’an dernier nous avons ainsi passé 200 jours en stage, et la médaille est là pour nous rappeler que nous avons fait les bons choix.
Qu’est-ce qui a changé depuis cette médaille de bronze ?
A vrai dire pas grand chose. On ne me reconnaît pas plus dans la rue et on reste très peu médiatisés, mais cela ne me déplait pas forcément car c’est avant tout une passion. L’après JO fut l’occasion de rencontrer les autres athlètes de l’équipe de France lors des réceptions, car il faut avouer que durant la compétition nous étions vraiment dans notre bulle. Nous n’avons pas été voir les autres sports car cela demandait des efforts énergétiques superflus, par exemple de se coucher à 1 heure du matin lors la cérémonie d’ouverture. Sachant que la médaille s’est jouée à 34 centièmes de seconde, il est évident que tous les détails comptent et que l’on ne peut pas s’éparpiller.
Quel est l’impact d’une telle récompense sur un sport peu médiatisé tel que l’aviron ?
On s’en rend concrètement compte en jetant un coup d’œil au niveau des inscriptions. A la rentrée l’effet JO a été immédiat puisque l’on a enregistré une quarantaine de nouvelles inscriptions. Sur un effectif de 350 rameurs on peut appeler cela un petit boum. Il faut savoir que l’aviron est un sport dans l’ombre et où le professionnalisme n’existe pas. Bien sur les aides sont là, ainsi que les structures, mais il ne faut pas se leurrer, ce n’est pas l’aviron qui va permettre de payer le loyer à la fin du mois.
Quelle est désormais ton objectif ainsi que celui de ton équipe ?
L’aviron est un sport où l’on pose des enjeux à long terme. Ainsi, notre tête et nos objectifs sont déjà tournés vers Londres, où il s’agira cette fois de décrocher le Saint Graal. C’était l’objectif à Pékin mais l’équipe – malgré son niveau – était jeune et manquait d’expérience. Nous irons à Londres pour gagner, car même si la troisième place est belle, seule la victoire permet de marquer l’histoire à jamais.