Où en est le pouvoir d’achat des étudiants ? Sont-ils affectés par la crise ? Comment font-ils pour gérer leur budget ? C’est ce que nous avons voulu savoir en allant à la rencontre de quatre étudiants à Toulouse.

Florent, 22 ans, étudiant en master Affaires internationales et stratégies d’entreprise à Sciences Po.

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Fils unique, ce sont ses parents qui alimentent son compte en banque. Il avoue ne jamais être à découvert. En moyenne, Florent dépense 900€ par mois. Il vit dans un studio rue des Lois dont le loyer est de 450€. Il reçoit 172€ d’aides au logement. A cela s’ajoutent les dépenses d’électricité et d’eau (80€), les factures téléphoniques (40€) et la connexion internet (40€). Son poste de dépense le plus important concerne l’alimentaire. « C’est mon plus gros budget. Je vais faire mes courses à Monoprix car c’est le plus près de chez moi. Je dépense environ 200€ par mois. Je mange des choses équilibrées et de qualité alors forcément c’est plus cher ». Florent s’est inscrit dans une salle de sport avec un abonnement de 50€ par mois. Il consacre en moyenne 50€ par mois aux sorties et dépense 100€ par mois pour les vêtements. Il rentre chez lui à Paris pendant les vacances et les week-ends rallongés (100€ aller-retour). « Si je n’avais pas mes parents derrière, je serais obligé de travailler. Dans mes dépenses, je me fais plaisir mais j’essaie de rester raisonnable ». Florent travaille pendant un mois l’été ainsi que de manière plus ponctuelle comme hôte d’accueil dans des salons mais c’est pour épargner. « Pour moi, l’épargne c’est essentiel. Cela peut me permettre d’investir dans un futur logement à Paris ». En ce qui concerne son pouvoir d’achat, Florent avoue ne pas avoir constaté d’évolution ces dernières années.

Yvain, 21 ans, étudiant en master Développement économique et coopération internationale à Sciences Po.

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Boursier, il reçoit 500€ par mois : 300€ sur critères sociaux et 200€ pour la bourse du mérite suite à sa mention très bien au baccalauréat. Il vit dans une chambre universitaire à la Cité U de Chapou dont le loyer est de 134€ par mois avec eau, électricité et internet. Les aides au logement lui permettent de payer trois mois de loyer cette année. Concernant les courses, il dépense 30€ par semaine et mange régulièrement au restaurant universitaire (3,05€ le repas). « Le budget alimentaire a largement augmenté ces dernières années. Avant, je consacrais 20€ aux courses ». Yvain est un passionné de cinéma. Il peut y aller jusqu’à quatre fois par semaine. Il prend des abonnements pour aller voir un maximum de films à moindre prix. « J’ai pris un abonnement à la Cinémathèque. Pour 100€ par an, j’ai des places illimitées ». Yvain ne voyage pas beaucoup et rentre chez lui uniquement pendant les vacances. « Je ne veux pas être une charge pour mes parents même si je sais qu’ils sont là pour moi. Sans les bourses, je serais obligé de travailler. Je sais que c’est difficile de concilier boulot et études ». De temps en temps, Yvain se fait plaisir et s’achète ce qu’il a envie mais cela reste exceptionnel. « Je n’ai pas un gros niveau de vie. Je fais en sorte d’être autonome avec les bourses ».

Anaëlle, 20 ans, étudiante en master Risque et Environnement à Sciences Po.

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Ce sont ses parents qui prennent en charge le loyer (375€ par mois) et les factures. En colocation, Anaëlle reçoit 90€ d’aides au logement. Pour sa vie quotidienne, ses parents lui versent 130€ par mois. Le reste, elle le gagne en travaillant. « Je suis web-rédactrice auto-entrepreneur. J’écris des articles pour deux sites internet. Je bosse en fonction de mes disponibilités. Je gagne 200€ par mois ». Anaëlle dépense par semaine 30€ pour les courses et 20€ pour les sorties, 60€ par mois pour le train, 15€ pour internet et 20€ pour le portable. « Mon pouvoir d’achat a diminué. C’est la première année où j’ai l’impression que l’argent me file entre les doigts. Comme je suis en colocation, je reçois moins d’aides pour le logement. Nous sommes deux mais il faudrait être au moins trois pour s’y retrouver ». Les années précédentes, Anaëlle recevait une aide de 300€ de l’IEP mais ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Camille, 22 ans, étudiante en master Risque et Environnement à Sciences Po.

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Elle vit en colocation près de l’IEP. Ses parents prennent en charge les dépenses fixes dont le loyer (280€), l’assurance pour son scooter Vespa (50€ par mois) et les dépenses de santé non remboursées par la Sécurité Sociale (30€ par mois). Ses parents alimentent mensuellement son compte courant d’un montant de 400€ pour les dépenses variables. Camille fait ses courses à Carrefour Market (environ 35€ par semaine). « Les prix des produits ont augmenté ces dernières années. En ce qui concerne le shopping, j’essaie de me limiter à 20€ par mois ». Elle donne 16€ par mois à Action Contre la Faim et à la Croix Rouge. Camille rentre chez elle, à Nancy et à Nantes, à chaque vacances (150€ aller-retour train + covoiturage). Elle consacre environ 60€ par mois aux loisirs. Cette année, Camille a un nouveau poste de dépense important. Grande fan du groupe anglais New Order, elle se rend régulièrement en Angleterre pour assister à leurs concerts. « Chaque voyage coûte environ 300 euros en comptant l’avion, le train, l’hôtel et les dépenses diverses. J’utilise l’argent de mon compte épargne ». La passion n’a pas de prix. Et pour pouvoir suivre son groupe préféré, Camille a décidé de réduire les postes de dépense non indispensables. « J’ai pris une carte Pastel pour le métro. Cela me coûte seulement 10€ par mois. Avant je dépensais 25€ pour me déplacer ». Camille sait que si ses parents n’étaient pas là pour l’aider financièrement, elle serait obligée de travailler. « Je pense que ce serait faisable mais difficile à concilier avec mon master. Surtout que les emplois du temps changent tout le temps ».