À l’aide du 49.3, le premier ministre François Bayrou a engagé la responsabilité de son gouvernement sur le budget 2025 cet après-midi. Fruit d’un compromis trouvé en Commission mixte paritaire (CMP), ce budget prévoit de nouvelles taxations, mais surtout une baisse drastique des dépenses.

L’épopée budgétaire, démarrée sous le gouvernement de Michel Barnier et poursuivie par son successeur François Bayrou, touche à sa fin. Vendredi dernier, une lumière blanche est sortie du conclave réunissant sept sénateurs et sept députés en CMP. Le texte de compromis, fondé sur le projet de loi de finance voté par le Sénat a été adopté à huit voix contre six

Avec ce nouveau budget, le gouvernement envisage de revenir à un déficit de 5,4 %, bien loin de l’objectif de Michel Barnier fixé à 5 %. Pour ce faire, le texte prévoit des coupes drastiques dans les dépenses tout en maintenant les nouvelles mesures fiscales que le budget Barnier prévoyait. 

Des taxations exceptionnelles

Du côté des recettes, le budget 2025 se distingue par de nouvelles taxations portant notamment sur les hauts revenus et sur les bénéfices des plus grandes entreprises. Pour Stefano Ugolini, professeur en sciences économiques à l’Institut d’Études Politiques de Toulouse, on observe un certain changement de politique fiscale en comparaison des dernières années. « On revient partiellement en arrière, mais par rapport aux baisses fiscales observées depuis le premier mandat d’Emmanuel Macron, les ajustements restent relativement modérés », explique l’économiste.

Loin de pérenniser ces nouveautés fiscales, les nouvelles taxes héritées du budget de Michel Barnier sont exceptionnelles et non reconductibles. Elles devraient cependant permettre de rapporter plus de dix milliards d’euros aux finances publiques.

« Les ajustements restent relativement modérés »

Stefano Ugolini

Autre nouveauté fiscale, la taxation sur les transactions financières a été rehaussée passant de 0,3 % à 0,4 %. Plusieurs milliards d’euros seront récupérés de ce côté. Le Parti Socialiste a indiqué que cette augmentation n’était pas suffisante réclamant un taux à hauteur de 0,6 %. 

Sur le plan environnemental, les taxes sur les chaudières à gaz ont été relevées tout comme les taxes sur les billets d’avion qui passent désormais à 7,40 euros par billet pour des destinations européennes. L’ensemble de ces nouvelles mesures permettra à l’Etat d’engranger près de 800 millions d’euros. 

Selon Stefano Ugolini, les recettes doivent également être recherchées du côté des allégements fiscaux de ces dernières années. « On a creusé le déficit par une diminution des recettes notamment par la mise en place du prélèvement forfaitaire unique (PFU) sur les dividendes ou encore par la suppression de l’ISF ».

Tailler dans les dépenses

C’est la discussion autour des dépenses qui s’est avérée être la plus houleuse. Le plan d’austérité prévu par le gouvernement envisage des diminutions drastiques des dépenses en particulier sur l’enseignement supérieur, la culture, le sport ou encore l’agriculture. 

Les négociations menées par le Parti socialiste auront réussi à alléger quelques baisses des dépenses notamment sur le budget de l’écologie en préservant 300 millions d’euros sur la baisse d’un milliard requis par le Sénat.

Du côté de l’enseignement, la suppression de 4 000 postes d’enseignants n’a pas été retenue comme l’avait promis François Bayrou dans sa lettre adressée aux parlementaires socialistes. Le parti à la rose a également milité en faveur de la préservation du budget de l’Aide médical d’Etat (AME) menaçant le franchissement d’une « ligne rouge » si celui-ci venait à être réduit. 111 millions d’euros seront ponctionnés au budget de l’AME, soit presque deux fois moins que ce qu’avait retenu le Sénat. 

Mais ce sont les collectivités territoriales qui vont payer le plus lourd tribut en voyant leur budget fondre de 2,2 milliards d’euros. « Le gouvernement parle d’une volonté de décentralisation, mais réduit en même temps le budget des collectivités territoriales ce qui limite leur autonomie. Pareil pour l’université, depuis le mandat de Nicolas Sarkozy, on souhaite leur donner plus d’autonomie, mais derrière les budgets ne suivent pas. Ce n’est pas possible », pointe Stefano Ugolini. Il ajoute, « l’ensemble des réductions de dépense est aussi à comparer avec les crédits énormes alloués aux entreprises et également aux dispositifs d’alternances. D’un côté, on fait très attention aux moindres dépenses et de l’autre, il ne semble pas y avoir de précaution ».

Sous couvert de nouvelles taxations sur les entreprises et les hauts revenus, le budget 2025 se présente comme l’un des plus austéritaires de ces dernières années, avec tous les risques que cela comporte pour la croissance économique.