Après le carton rouge reçu par le toulousain Romain Ntamack ce week-end lors du match des 6 Nations entre l’équipe de France de rugby et l’équipe galloise, vous vous demandez peut-être comment les arbitres décident des cartons au rugby ? Entre jeu déloyal, protection des joueurs et circonstances atténuantes, il est parfois difficile d’y voir clair. Rémi Janotto, directeur de l’arbitrage à la ligue régionale de rugby d’Occitanie, vous explique.

Qu’est-ce qui différencie une faute, d’un carton jaune et d’un rouge ? 

Rémi Janotto : Le carton jaune peut sanctionner plusieurs choses. Il y a les fautes techniques répétées d’une équipe lorsqu’elle est plus faible qu’une autre sur la mêlée par exemple, ou une accumulation de fautes, notamment proches de la ligne d’en but. Et il y a des fautes cyniques comme par exemple un en avant volontaire qui coupe une opportunité d’essai. On bascule sur une possibilité de rouge lorsqu’il y a un jeu considéré comme déloyal. Cela englobe notamment le jeu dangereux, les brutalités, et les contacts à la tête. 

Pourquoi certaines actions qui nous paraissent dangereuses ne sont pas sanctionnées d’un carton rouge ? 

R.J : Les arbitres examinent le degré de dangerosité. Plus c’est dangereux, plus on se rapproche du rouge. Moins c’est dangereux plus on peut trouver de circonstances dites atténuantes. Cela va être par exemple un changement soudain d’axe de courses qui empêchait le joueur fautif de prévoir son geste, une volonté de se baisser de sa part, ou un autre joueur qui masquerait sa visibilité par exemple. Dans ces cas là on peut descendre vers un carton jaune ou même une simple faute parfois. 

Y a-t-il des cas où il y a toujours rouge ? 

R.J : Bien sûr. Tout acte dit imprudent ou toujours déloyal, ne se voit jamais s’appliquer de circonstances atténuantes. Admettons qu’il y ait ce qu’on appelle un bras tendu au niveau de la tête ou du cou, le joueur ne fait jamais l’action de plaquer, il y aura toujours rouge. Ça marche aussi lors d’un plaquage avec une épaule en avant ou même la tête.  Dans ces cas-là, ce sera toujours imprudent quelle que soit la situation autour, donc il n’y peu pas y avoir de circonstances atténuantes. 

Quelle est la part de subjectivité dans ces décisions ? 

R.J : On essaye en tant qu’arbitre de ne pas estimer. Il existe par exemple un protocole d’arbitrage international précis lorsqu’il y a un contact à la tête, ce qui simplifie la tâche. On fait également avec ce qu’on appelle un arbre décisionnel, qui est le même pour tous les arbitres quel que soit le niveau. Plusieurs questions amènent à des réponses, qui finissent par déboucher sur une sanction. Ce qui est dur avec le très haut niveau, c’est de s’entendre lorsqu’on est 4 arbitre sur le terrain. Par essence, il peut y avoir différents niveaux de sensibilité sur le degré de dangerosité. Les arbitres passent donc leur carrière à continuer de se former et à examiner tous les cas pour faire au mieux. 

Vous savez tout ! Il ne reste maintenant plus qu’à attendre la décision de la commission indépendante ce mercredi 5 février qui donnera la sanction de Romain Ntamack pour savoir quand est-ce qu’il retrouvera les Bleus.