Un homme jugé pour violences sur son ex-compagne au tribunal judiciaire de Toulouse vendredi 31 janvier. Crédits : Archives univers-cites.
Un homme a été jugé pour une affaire de violences sur son ex-compagne, vendredi 31 janvier, au tribunal judiciaire de Toulouse. Une audience relativement calme, jusqu’à la dernière minute.
Jugement final pour une saga qui aura duré 10 ans. Les yeux fixes et le visage impénétrable, le prévenu écoute l’avocat de l’accusation dresser le portrait d’un homme violent. « Soit tu me sers maintenant soit je vais te montrer ce qu’est un vrai Algérien » aurait-il dit au restaurateur qui l’a servi le soir du 5 décembre 2024. Il s’est ensuite rendu au domicile de son ex-compagne, mère de ses enfants, avec laquelle il entretiendrait, selon la défense, de « bonnes relations ».
« Je vais t’éteindre »
Lors de cette même soirée, la victime, sous les yeux de ses enfants de 3 et 5 ans, a reçu un coup de pied et la semonce : « Je vais te soumettre, je vais t’éteindre ». Puis ils sont montés à l’étage, où il l’a martelée de coups de poings au visage. Pour autant, lorsque la parole lui est donnée, l’accusé déclare : « Je ne l’ai jamais frappée, je ne sais pas ce qu’il se passe dans sa tête ».
Le scénario est tristement familier. L’avocat de l’accusation déplore : « Malheureusement on entend ce discours tous les jours, les époux violents se victimisent ». Il poursuit sa plaidoirie et rappelle que le prévenu n’en est pas à sa première accusation. Il s’agit même de la troisième récidive. Pourtant « il n’a pas avancé d’un ïota sur les faits gravissimes reprochés » étale l’avocat, puisqu’il n’a jamais fait preuve « d’empathie à l’égard de la victime ».
Sauter par la fenêtre pour sauver sa vie
Dix ans auparavant, l’homme avait déjà été jugé et condamné, pour des faits de violence sur celle qui était alors sa compagne. L’avocat de la défense rembobine : « le 23 décembre 2015, il l’a martyrisée dans un hôtel, au point qu’elle a dû sauter par la fenêtre pour assurer sa survie. » Il rappelle cependant que depuis neuf ans, il n’a pas été condamné pour violence, mais pour trafic de stupéfiants.
L’avocat de la défense poursuit sa diatribe et s’appuie sans cesse sur les constats du médecin. Selon le rapport de ce dernier, la victime ne présentait que de « légères lésions, et pas de marques de coups de poing au visage ». La précision de l’auscultation est relative puisqu’elle n’a eu lieu que quatre jours après les faits. Le défenseur aura eu beau discréditer les témoignages de la victime et de sa voisine et chercher la compassion en révélant que le père du prévenu le « martyrisait », sa plaidoirie ne convainc pas la juge. Cette dernière accède à la requête complète de l’accusation : l’accusé écopera de quatre ans de prison, dont un avec sursis, et de trois ans de probatoire.
« Vous avez 10 jours pour faire appel ». C’est ce que le coupable aurait dû entendre s’il ne s’était pas levé et sorti à l’annonce de sa sentence. « Laissez-le partir », imperturbable, la juge continue d’énumérer la peine : « Retrait de l’autorité parentale ». Des bruits de coups dans les murs, ou les meubles, retentissent. « Mesure d’éloignement ». Du fond de la salle et de la gorge du coupable jaillit : « Sale pute ! ». Audible par tous, il déclenche quelques rires de surprise. S’il est peu probable que le condamné fasse appel, il pourrait faire face à une nouvelle accusation : outrage à magistrat.