Une visite inhabituelle du Couvent des Jacobins à Toulouse. Crédits : Oriane Babik.
Depuis trois ans, le Couvent des Jacobins, monument emblématique toulousain, propose une visite guidée un peu particulière tout le long du mois de février. Son thème ? L’amour au Moyen-Age. Adrien Fabre, médiateur culturel, anime la première visite de l’année. Devant lui, vingt cinq personnes attentives, toutes majeures.
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Adrien Fabre, le guide de la visite, invite tout d’abord le groupe à s’installer sur les bancs de l’église. Le soleil qui tape sur les vitraux amène de magnifiques arc-en-ciel sur les murs. Un spectacle accessible à tous, puisque la visite de l’église seule est gratuite. Face à l’autel, le guide du jour évoque rapidement l’amour qui était porté à Dieu au Moyen-Age. Il suppose, à juste titre, que ce n’est pas cette partie de l’itinéraire qui intéressera le plus son audience.

La suite de la visite est plus inhabituelle et la mention « interdite aux moins de 18 ans » prend tout son sens. A travers plusieurs pièces du couvent, comme la chapelle funéraire ou le réfectoire, les visiteurs en apprennent plus sur la sexualité au Moyen-Age : de l’existence de préservatifs en viscères d’animaux et de sex-toys en verre de Murano pour les plus riches, à la fréquentation des bordels par les religieux, beaucoup de mythes sont déconstruits. Ce n’est qu’au XIIème siècle, avec les réformes de l’Eglise, que celle-ci prend le contrôle du mariage et de la sexualité. Dans les faits rares sont ceux qui respectent toutes les normes qu’elle leur impose.
Une visite guidée interactive
Adrien Fabre s’arrête régulièrement dans sa démonstration pour laisser place aux questions du public. Il l’admet lui-même, il est difficile d’approfondir tous les sujets abordés, comme la visite doit tenir sur un créneau d’une heure. Les visiteurs s’en donnent à cœur joie, nombre d’entre eux ayant déjà un bagage culturel et des connaissances sur le sujet. Nicolas, étudiant en histoire à Albi, est l’un d’eux : » Je voulais voir les Jacobins d’une autre manière. En licence d’histoire, on ne peut malheureusement pas évoquer tous les thèmes et je voulais en savoir plus sur celui-ci. »
Pour illustrer son propos, le guide fait régulièrement passer dans l’audience des images plastifiées. Pour la plupart, il s’agit d’enluminures possédant un caractère sexuel. L’une représente des nonnes au dessous d’un arbre dont les fruits sont des pénis, l’autre explique l’origine de l’expression « tenir la chandelle »… Si le public est en partie grisonnant, des gloussements et des rires s’échappent à de nombreuses reprises, notamment à la découverte de ces images.

Un succès assuré
Pour finir sur une note plus douce, place à la visite des jardins du couvent. Adrien Fabre y évoque le sujet de l’amour courtois. Il explique notamment le déroulement de la cérémonie durant laquelle les jeunes femmes couronnaient leurs prétendants avec une couronne de fleurs. L’audience semble conquise par cette visite. Beaucoup sont venus en couple et se lovent l’un contre l’autre dès qu’ils en ont l’occasion. Certains, plus rares, sont venus seuls. Monique Lavaud, sage-femme toulousaine, est venue avec sa compagne. « Je connais déjà bien le bâtiment, mais le thème n’est pas habituel et j’étais curieuse d’en apprendre plus sur des pratiques qui sont moins bien connues actuellement, en particulier celles liées à mon métier. »
Dispensée chaque samedi et dimanche de février, la visite guidée est un franc succès en terme de réservations. Les créneaux sont déjà presque tous complets, avec une jauge maximale de 25 visiteurs. Le Couvent des Jacobins propose une session spéciale le 14 février, elle aussi complète. Pendant celle-ci, les couples seront invités à porter des costumes d’époque, afin de reproduire la cérémonie de la couronne de fleurs.
Oriane Babik