Des centaines de personnes se sont déplacées le 17 novembre pour la première édition du salon Emmaüs toulousain. Les organisateurs n’avaient pas prédit un tel succès et il ne restait que très peu d’objets en vente l’après-midi, mais la manifestation était l’occasion d’aller à la rencontre de la communauté Emmaüs : salariés, bénévoles et compagnons.

Auch, Saint Gaudens, Pamiers… au total, ce sont dix communautés Emmaüs de la région qui se sont rassemblées autour de ce projet. Si le concept existe déjà dans une dizaine de villes de France, c’est la première fois qu’une édition toulousaine avait lieu. Elle s’est déroulée dans le hall 8 du Parc des expositions, prêté par la mairie de Toulouse. Une soixantaine de bénévoles et compagnons était mobilisée sur la journée.

Les meubles sont presque tous vendus mais des vêtements restent - crédit: Claudine Chambost

Victime de son succès, le salon a pu décevoir les visiteurs tardifs arrivés l’après midi. Meubles, vêtements, livres et bibelots avaient déjà presque tous été vendus. Même l’appartement témoin était démembré. Claudine, visiteuse, était très surprise : « J’ai l’habitude d’aller au Emmaüs de Labarthe-sur-Lèze et il y a toujours beaucoup de choix mais là, le hall me paraît un peu grand pour ce que je vois« . A la mi-journée, Claude Hartmann, responsable de la communauté Emmaüs de Toulouse était lui même abasourdi : « Je suis un peu embêté parce que quand nous avons monté ensemble ce salon, on ne pensait vraiment pas avoir une telle affluence. On est un peu tristes parce que ces 2 000 mètres carrés sont un peu vides et qu’il n’y a plus grand chose comme affaires, mais je suis évidemment très content du succès inattendu de cette première manifestation« . Chaque communauté était pourtant arrivée avec deux camions pleins !

Répondre « solidarité » à ceux qui pensent « charité »

Toutes les recettes du salon sont reversées à « Bois et Cie » et « Partage ton Pot », deux associations d’insertion. Pour Michel Allenou, bénévole depuis six ans, il est normal de redistribuer l’argent récolté : « C’est typique d’Emmaüs, on ne fait jamais les choses pour nous. On raisonne en termes de partage« . Là se trouve peut-être la pierre angulaire de l’esprit d’Emmaüs : travailler et récolter de l’argent ne sont pas une fin en soi mais un moyen d’être soi, au naturel, en aidant les autres. Chaque année, plus de 5 millions d’euros sont reversés à des actions de solidarité.

L'abbé Pierre toujours

Emmaüs, aujourd’hui, c’est 3 880 compagnes et compagnons issus de la grande précarité accueillis par la communauté. Chaque jour, ces personnes trient, réparent et vendent les objets recueillis. Grâce à l’association, ils reçoivent un salaire pour leur travail accompli et se réinsèrent dans un groupe, à l’image de Xavier, compagnon depuis treize ans. A l’écouter, après avoir bénéficié d’un accueil très chaleureux, le lien avec les autres membres de la communauté s’est établi très vite. Après être passé par Toulouse et Agen, il est maintenant de retour à Auch et s’occupe quotidiennement de ce qu’il appelle « la cour », un bric-à-brac de vaisselle. S’il savait déjà bricoler avant, c’est à Emmaüs qu’il s’est perfectionné.

Helena, elle, travaille tous les jours depuis cinq ans à la communauté de Labarthe-sur-Lèze. Son rôle ? Ranger la dentelle le matin et tenir la caisse l’après-midi. Le salon, elle l’appelle « grand moment de solidarité« . Comme la plupart des autres compagnons présents, elle semble être animée d’un grand sentiment de fierté. Alors, même si le public est un peu déçu, d’un certain côté, à regarder le sourire d’Héléna, le pari est peut-être gagné.