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La route, c’est pour les véhicules à moteur. La chaussée, pour les piétons. Malheureux ou malheureuse, celui ou celle qui n’est ni l’un ni l’autre, ou à la fois l’un, à la fois l’autre : le cycliste. Être à vélo sur la route, c’est défier les colosses de métal, risquer d’effleurer leur sacro-saint rétroviseur et s’exposer aux regards – ou insultes ! – implacables des automobilistes. Se replier sur le trottoir, c’est slalomer entre les passants, manquer de les heurter si on calcule mal leur trajectoire, en bref, beaucoup trop d’angoisse existentielle pour le cycliste de la ville.

Alors, les villes ont trouvé l’idée du siècle. Elles ont sommé leurs agents de dessiner, à coup de peinture, une ligne au bord de la route, ornée d’un vélo stylisé. C’est ainsi qu’on crée une piste cyclable en ville. Parfois, la piste cyclable, c’est aussi la voie des bus. Faire coexister les plus gros véhicules admis en centre ville avec les plus petits, quelle fabuleuse idée ! Il n’est rien de plus oppressant que de pédaler comme si c’était pour sa vie, parce qu’un bus nous colle au …, tenant son guidon d’un poing ferme, car il suffit d’un dérapage, d’une seconde d’inattention…

Quand on fait du vélo depuis longtemps, convaincu-es que c’est un moyen de transport sain, économique et respectueux de l’environnement, on finit par détester piétons et automobilistes. Au début, on peste en silence. Puis, on le dit à voix haute. On nous pousse au rapport de force le plus primitif, illustrant une fois de plus le caractère si convivial et agréable de la vie citadine. Cela, c’est quand il n’y a pas d’accidents. Cyclistes, nous nous savons espèce en danger et susceptible un jour d’essuyer les conséquences d’un choc plus ou moins grave, tant l’espace n’est pas aménagé, tant nous n’existons pas au regard des autres véhicules.

Loin de moi l’anti-automobilisme primaire. Il est vrai que la voiture est une nécessité pour bien des personnes qui travaillent et qui habitent les banlieues. Le gouvernement a d’ailleurs voulu faire un geste en faisant baisser de 6 centimes le prix de l’essence. Quel coup de pouce ! Au moins aussi efficace que l’augmentation de 20€ du SMIC mensuel en juillet dernier. Si l’on n’obligeait plus les personnes en mal d’emploi à accepter des offres à des lieues de chez elles, cela désengorgerait certainement le trafic. Et si l’on filait aussi des coups de pouce au vélo et aux moyens de transport dits « propres » ? A croire qu’en temps de pénurie des ressources, on préfère les épuiser plutôt que de les économiser.

Le 16 novembre, VélôToulouse aura cinq ans. Et moi, j’ai encore pété un rétroviseur.
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Le vélo inspire l’Internet…