Le Conseil Départemental de Haute-Garonne a initié un projet pour améliorer la mixité sociale dans les collèges toulousains. Un projet qui est loin de mettre d’accord tous les acteurs de l’Education nationale. 

C’est un projet qui fait du bruit dans le milieu de l’Education nationale. Le Conseil départemental de Haute-Garonne a décidé de s’attaquer de front au problème de la mixité sociale. Et pour cela, il a prévu d’engager une expérimentation dans les collèges REP+ (réseau d’éducation prioritaire renforcé) de la Ville rose.

Le Conseil Départemental avait annoncé il y a plusieurs mois vouloir faire sortir les élèves des collèges défavorisés, comme Raymond Badiou ou celui de Bagatelle, en leur proposant des passerelles vers des collèges plus favorisés du centre, notamment Pierre de Fermat. Le projet prévoyait aussi à terme la fermeture et la destruction du collège Raymond Badiou de la Reynerie. Une possibilité inadmissible pour Sabrina Roche, professeur au collège George Sand et membre du bureau de la CGT Education : « Fermer un collège dans un quartier comme la Reynerie, c’est enlever un service public. Cela diminue encore la vie du quartier et lui donne aussi une image négative»

Contribution à la violence sociale

Un revirement a cependant été opéré par le Conseil départemental lors de la dernière réunion publique du 22 novembre. Le collège Raymond Badiou sera bien détruit, mais reconstruit à proximité de la Reynerie, afin de pouvoir mélanger des familles de la Reynerie et des zones pavillonnaires avoisinantes. Cela afin de pouvoir peut-être remédier à un problème soulevé par Sabrina Roche.

« Dans les collèges REP+, et notamment à George Sand, nous avons un très fort taux de demande de dérogations. Dans notre collège, 34% des élèves affectés à George Sand vont dans un autre collège. Ces demandes de dérogations proviennent pour la plupart des familles habitant dans les zones pavillonnaires alentours. »

D’autre part, l’idée de collèges d’accueil persiste. Les collèges Pierre de Fermat, Michelet, Emile Zola, Bellevue, Les Chalets et Jean-Pierre Vernant, dits favorisés, devraient accueillir une quarantaine d’élèves. Une enveloppe budgétaire spécifique sera également prévue pour couvrir les coûts liés au transport scolaire. Un début de réponse face au flou des premières propositions du Conseil départemental.


Pour autant, ce projet de mixité sociale ne fait toujours pas l’unanimité, même après les différentes réunions publiques organisées sur le sujet. Et pour cause, il pose une question fondamentale : celle de la violence sociale dont souffrent les élèves de collèges défavorisés. Une violence sociale qui pourrait être encore plus grande en envoyant des élèves de collège REP+ dans des collèges plus favorisés, dans « un monde qui n’est pas forcément celui qu’ils connaissent », souligne Sabrina Roche. Pour le collectif Sud Education 31, la mixité sociale est avant tout « un prétexte pour disperser les gens comme on met la poussière sous le tapis pour cacher les problèmes. » Sabrina Roche va plus loin.

« Le Conseil explique que le but de ce projet c’est d’apaiser les tensions sociales. La montée de l’extrémisme a été évoquée. Cela voudrait dire que les élèves de ces collèges pourraient potentiellement poser problème. Cela contribue encore à la stigmatisation dont ils peuvent être victimes et dont ils souffrent. »

Des réunions publiques sur le sujet se tiendront jeudi 24 novembre, salle de la Maison de la Citoyenneté de la Roseraie à 18h30, et mardi 29 Novembre Salle Barcelone, également à 18h30. Un rassemblement contre ce projet est également prévu jeudi 24 novembre à 16h30, place Abbal.