Le 7 octobre, la mairie de Toulouse annonçait la création d’un espace de vente des chineurs, qui « se tiendra hebdomadairement, à compter du samedi 18 octobre 2014, sur le passage qui relie le boulevard Lascrosses à la place de l’Europe. » Or, ce marché existait auparavant place Arnaud-Bernard. Alors pourquoi ce déplacement ? « Univers-Cités » mène l’enquête.

Jusqu’ici, la place Arnaud-Bernard, le dimanche matin, était le rendez-vous prisé de tous les chineurs toulousains. Créé par l’ancienne municipalité, le marché de l’Inquet permettait aux personnes les plus démunies de vendre des objets d’occasion et de récupération au tout public. « En initiant ce projet, nous avions choisi de donner un cadre à une activité pré-existante de « vente à la sauvette », mais surtout de permettre, grâce au CREPI Haute-Garonne, un accompagnement social et professionnel : emploi, demande de logement, accès à la santé et aux droits… », a réagi Isabelle Hardy, l’ancienne adjointe au maire en charge du commerce, dans Toulouse Infos. Un projet tout à fait louable donc, venant améliorer le quotidien des précaires toulousains. Cependant, au cours de la campagne municipale, l’Inquet s’est retrouvé au cœur du débat entre Pierre Cohen et Jean-Luc Moudenc.

Pourquoi déplacer un marché de 500 mètres ?

Le camp Moudenc en avait fait un de ses chevaux de bataille pendant les municipales : supprimer le marché de l’Inquet. En effet, pour la droite toulousaine, ce marché était gangrené par les vendeurs de produits illicites (cigarettes, drogues). Le maire actuel n’avait d’ailleurs pas hésité à employer les termes de « marché de voleurs  » et de « voyous  ». Pour lutter contre ce trafic illégal, la promesse de Jean-Luc Moudenc était de fermer purement et simplement ce centre de vente.
Cette mesure venait s’inscrire dans son projet de renforcer la sécurité dans Toulouse et particulièrement dans le centre-ville de Toulouse. Et Arnaud-Bernard, carrefour des cultures et des genres de la ville de Toulouse, était dans le viseur de la nouvelle municipalité. Après avoir renforcé la présence policière, c’est le marché des précaires qui paie la mauvaise réputation de la place. Heureusement, Jean-Luc Moudenc est revenu sur sa promesse de campagne en choisissant de seulement déplacer le marché.

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L’avenir du marché de l’Inquet

C’est donc dans un communiqué de presse publié le mardi 7 octobre, que la mairie de Toulouse a officialisé le déplacement de ce marché si atypique : « Jean-Jacques Bolzan, adjoint au maire en charge du commerce, annonce la création du nouvel Espace de vente des chineurs. Il se tiendra hebdomadairement, à compter du samedi 18 octobre 2014, sur le passage qui relie le boulevard Lascrosses à la place de l’Europe, le long du Jardin de Compans-Caffarelli. » Cependant, pour contenter l’électorat qui lui a ouvert les portes du Capitole, le texte explique que Jean-Luc Moudenc a tenu sa promesse : « Conformément à l’engagement pris pendant la campagne électorale, la Municipalité a pris la décision de fermer « l’Inquet », place Arnaud-Bernard, en raison du trop grand nombre de trafics illégaux qui s’y pratiquaient. »
Si l’on peut se féliciter de la sauvegarde de ce marché pour les plus démunis, ce déplacement pose certains problèmes. En effet, ce nouvel espace est beaucoup moins fréquenté, moins adapté à la tenue d’un marché et ne se tient plus le dimanche, jour où les Toulousains aiment à flâner en ville. La politique sécuritaire l’a emporté sur la politique sociale dans une ville de moins en moins rose.