Après une longue campagne à suspense, c’est François Hollande qui arrive en tête au premier tour des élections présidentielles de 2012. Le favori des sondages est crédité de 28,63 % des suffrages, suivi de Nicolas Sarkozy à 27,18 %. Les grandes surprises de ce scrutin restent la percée de Marine Le Pen et le résultat de Jean-Luc Mélenchon au score moins bon qu’attendu. Retour sur la soirée électorale dans les QG toulousains.

DIMANCHE – À la fédération du Parti Socialiste, rue Lancefoc, on trépigne d’impatience. Pour l’occasion, des TV étrangères ont fait le déplacement. À l’intérieur, une foule de militants et de sympathisants craint que les estimations glanées sur Twitter se révèlent justes, notamment quant au score du Front National. Mais l’attente n’a pas été longue. Sur France 2, retransmis sur un écran géant, c’est le compte à rebours (voir vidéo) :


Compte à rebours avant résultat à la fédération du PS.

La joie puis l’effroi à gauche

Le score de Marine Le Pen est sur toutes les lèvres : « C’est horrible ! », s’exclame une militante. Un autre : « Il ne faut pas trop s’emballer, reste le second tour ». Lorsque Jean-Luc Mélenchon fera un peu plus tard son discours, on se conforte : « Les électeurs de Mélenchon avaient déjà pour certains fait le choix du vote utile. Ils se rallieront à nous », raconte Stéphane, militant MJS. Pour un autre militant, il n’y avait aucun doute : « C’est une tradition à gauche, c’est normal qu’il se rallie », tempère-t-il, confiant.

Pour Sébastien Denard, Premier secrétaire fédéral du PS, c’est tout de même une victoire : « C’est la première fois sous la Ve République qu’un candidat d’opposition arrive en tête au premier tour », explique-t-il.
Pour les deux semaines à venir, une seule consigne : « Il va falloir faire du terrain, du terrain, et encore du terrain », pense-t-il.

Rassemblés à La Tantina de Burgos, rue de la Garonette, les militants du Front de Gauche n’ont, semble-t-il, pas eu leur grand soir. Jean-Christophe Sellin, conseiller municipal et responsable local du mouvement : « C’est un bon résultat pour le Front de Gauche. Le score du FN justifie la stratégie front contre front menée par notre mouvement. Nous regrettons à cet égard d’être un peu seul dans ce combat…Le 1er mai doit être un rassemblement de masse et de classe en vue du 6 mai : on doit tout faire pour tourner la page du Sarkozysme. Une victoire de la gauche, c’est ouvrir une brèche pour porter notre exigence sociale dans une perspective politique », déclare-t-il.

Pour lui, pas question non plus de se rallier aux militants du PS : « On va tout faire pour battre Sarko, mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Les militants du PS doivent maintenant faire leur travail : nous on va tout faire pour que Sarko ne passe pas. Mais aussi pour que le PS porte nos revendications : le SMIC à 1700 euros, la retraite à 60 ans et à taux plein, rompre avec cette logique de casse du service public. »

« Je m’attendais à mieux », confie un militant. Avant d’ajouter : « Les 20% de Le Pen nous confortent dans notre stratégie ».

À droite, on y croit encore

Au 6 rue Gabriel-Peri, quartier général de l’UMP en région toulousaine, les visages sont graves. Puis le compte à rebours infernal a pris fin et les réactions n’ont pas tardé à se manifester. Cependant, l’annonce de la qualification de leur champion n’a pas suscité beaucoup d’émotion, mis à part un « c’est pas mal » lâché dans l’assistance. Les applaudissements sont venus après, lors du résultat de l’ennemi juré : « monsieur Mélenchon ».

Le candidat UMP de la 1ère circonscription de Haute Garonne aux prochaines législatives, Sacha Briand, a ensuite pris la parole. « La révolution de monsieur Mélenchon a fait « pschit » ! » ajoutant que l’enjeu majeur de ces dernières deux semaines de campagne sont « l’occasion de rassembler les électeurs du centre et de la droite ».

« Ces résultats sont une bonne nouvelle » se réjouit Xavier, Jeune Populaire de 28 ans. « L’échec du front de gauche nous apaise car Hollande est privé de réservoir de voix » explique l’étudiant en informatique.

Mais si l’orage Mélenchon est passé, la tempête Marine est encore menaçante. « L’électorat du Front National est très volatile » déplore Estelle, jeune militante UMP.

Au FN, le rêve d’être la plus grande force d’opposition

Au FN, justement, c’est une toute autre ambiance. D’abord parce que à Toulouse, il n’y avait pas de rendez-vous officiel au soir du 1er tour, mais plutôt une réunion le lendemain.

Joint par téléphone, Michel Laroze, responsable FN en Haute-Garonne, explique sans cacher son enthousiasme : « Enormément de jeunes ont voté Marine : ce sont les premiers à être au contact de l’immigration ». Et de se laisser aller à des pronostics : « Ceux qui ont voté Sarkozy au premier tour ont voulu voter utile. »

Côté jeunes, Fabien Bourel, 26 ans, militant au sein du FNJ s’exalte : « Les gens ne votent pas par dépit, c’est un vote d’adhésion, contrairement à ce que prétendent les médias ».