Jeudi 15 octobre, au tribunal de Toulouse, un prévenu a réitéré, devant un prétoire stupéfait, des insultes à l’endroit des magistrats, alors qu’il comparaissait pour… outrages à magistrats. « Je vais devenir kamikaze contre la France, vive Daesh ! », a-t-il conclu.

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Chaque jour, à compter de 14 heures, la salle d’audience n°4 du Tribunal de Grande Instance voit défiler la misère ordinaire. Quand, ce jeudi, Kamil, 33 ans, crête et veste en jean, passe à la barre de la chambre des comparutions immédiates, il a le même parcours cabossé que les autres prévenus qui comparaissent ce jour-là.

**« Je préfère être en prison que de voir ta gueule »

Casier judiciaire frappé de sept mentions, surtout des agressions et des histoires de stupéfiants, il a un autre procès en cours. Il attend en prison la décision des assises. Comme les autres prévenus, il vient plaider sa cause devant une justice expéditive qui, dans les 48 heures, juge les petits vols et les atteintes aux personnes.

Vers 15 heures, l’homme qui comparaît pour « outrage à magistrats » écoute, stoïque, ce qui lui est reproché. D’avoir proféré des insultes en cours d’audience à l’encontre de plusieurs magistrats. La juge les égrène sur un ton placide : « Gros batard, je préfère être en prison que de voir ta gueule », « Je vais devenir kamikaze contre la France », etc. La salle est hilare.

**La salle a le souffle coupé

En état de récidive légale, l’homme avec la crête risque lourd. Pourtant, devant la stupéfaction générale, le prévenu, très tendu, sort de ses gonds en pleine audience. A nouveau. « Vous ne m’écoutez pas », s’égosille-t-il avant de partir dans un tunnel d’insultes : « Va ni*** ta mère », « Va te faire *** chez Jacquie et Michel » profère-t-il à l’endroit de la présidente d’audience.

Alors qu’il tente de grimper au-dessus de la vitre, la sécurité l’évacue de force. La salle a le souffle coupé. Une fois sorti, ses insultes tonnent encore depuis le couloir. « C’est tout de même incroyable, ce n’est pas possible de faire ça », s’exaspère une dame dans le prétoire.

**« Vive Daesh, vive Coulibaly »

Très remonté lui aussi, le procureur réclame un an d’emprisonnement, le dernier épisode rajoutant du sel à sa plaidoirie. « C’est inadmissible, le prévenu revendique les propos qu’il tient et ne supporte pas la contradiction », plaide-t-il. A son tour, l’avocate tente de sauver les meubles : « Si vous le condamnez ainsi, c’est sans fin. Il faut qu’on se penche scientifiquement sur son cas. Il perd pied depuis plusieurs semaines, et tient des propos incohérents », affirme-t-elle, faisant état des « troubles qui l’habitent ». Elle réclame une décision « sereine », et une solution clinique plutôt que carcérale.

Peine perdue. Après la levée de séance, l’homme apprend qu’il est condamné à 6 mois ferme pour ses outrages, et à payer un euro symbolique à chaque magistrat insulté. « Je ne lui donnerai rien », rétorque le prévenu, qui s’emporte à nouveau. « Je vais devenir kamikaze. Vive Daesh, Coulibaly, va *** ta mère, **** Hollande et Sarkozy », conclut-il, sorti à nouveau par la sécurité, avant que sa voix s’évanouisse à la fermeture de la porte.