L’appel national à la grève a eu une forte résonance à Toulouse. De 4 000 à 8 000 personnes ont défilé « contre l’austérité » jeudi matin, en musique, à l’appel des syndicats FO, CFT, FSU et Solidaires. Le cortège très ambiancé a rassemblé toutes les gauches contestataires toulousaines, et s’est écoulé d’Arnaud Bernard au Capitole. Portraits des minorités militantes.

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Michèle Puel © Paul Conge / Univers-Cités

Michèle — Lutte ouvrière, parti révolutionnaire trotzkyste

En lisière de cortège, Michèle Puel distribue l’hebdomadaire de Lutte ouvrière, le parti communiste et révolutionnaire d’Arlette Laguiller. « Comme des centaines de milliers de personnes en France, je manifeste pour dénoncer la politique anti-ouvrière de ce gouvernement prétenduement de gauche, martèle l’ancienne élue trotzkyste. Car c’est une politique au service du grand patronat. »

Travailleurs. L’éditorial du journal qu’elle distribue décrit « l’écoeurement des travailleurs ». Un sentiment que partage cette technicienne retraitée de 64 ans : « Depuis des mois, on entend les notaires et les médecins qui descendent dans la rue, et pas suffisamment les travailleurs, dont les emplois sont supprimés, alors que ce sont eux qui créent toutes les richesses. » D’après elle, il est « vital » que les travailleurs reprennent « le chemin des luttes ».


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Jean-Claude © Paul Conge / Univers-Cités

Jean-Claude — Sud Solidaires, syndicalisme de transformation sociale

Jean-Claude travaille à Pôle emploi. Drapeau Sud Solidaires à l’épaule, il se mobilise « en solidarité avec le monde ouvrier dans la rue ». Objectif aujourd’hui, « montrer qu’on est en première ligne ». Autour de lui, une floraison de drapeaux du syndicat Sud et leurs déclinaisons multicolores. « Les chiffres du chômage explosent, on veut montrer que même les gens de Pôle emploi sont dans la lutte », dit-il.

Derrière lui, les haut-parleurs du camion de Force Ouvrière crachotent une reprise militante de Highway to hell.


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Nathan © Paul Conge / Univers-Cités

Nathan — Collectif d’animateurs, sans étiquette

Les animateurs de Clae (centres de loisirs), toujours sans prestataire pour gérer leurs structures, se sont regroupés sous un même étendard. Pour conjurer le péril ? « Plutôt pour lutter contre les conditions très précaires », corrige Nathan, 31 ans, animateur. Il bat le bavé « contre la loi Macron » et les directives gouvernementales, qui visent à augmenter le nombre d’animateurs par enfant pour rogner les coûts.

Électrons libres. « Nos revendications sont liées à la reconnaissance du métier, et surtout à l’amélioration des conditions de travail », explique le jeune animateur. Personnellement affectés par l’austérité budgétaire, lui et ses comparses se mobilisent contre le risque de fermeture des structures de proximité.

Le collectif reste informel. « On est des électrons libres, sans être affilié à aucun parti, ça marche sans adhésion, nous rejoint qui veut », assure-t-il.

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Maëlys — Confédération nationale du travail, anarcho-syndicalisme

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En queue de cortège, flottent les drapeaux d’Alternative libertaire et d’autres étendards anarchistes. « La loi Macron opère la casse du droit du travail, de la médecine du travail, et appelle à renforcer le travail de nuit, gentiment repeint en ‘travail en soirée’. Tout cela, on est contre », explique Maëlys, 36 ans, professeur d’EPS et syndicaliste au segment « santé sociale éducation » de la Confédération nationale du travail (CNT).

Révolutionnaire. Portée sur la lutte interprofessionnelle, Maëlys se dit « syndicaliste révolutionnaire ». « Mais on a tous nos nuances, même à la CNT », s’amuse-t-elle. Chez elle, l’héritage anarchiste a laissé des traces : « On est pour les rotations, les mandats tournants, contre les spécialistes par secteur et les permanents. On essaie de partager les tâches pour s’émanciper au maximum. C’est aussi ça, l’aspect interprofessionnel que l’on porte aujourd’hui. »

« À mon sens, l’autogestion qu’on applique dans le syndicat serait transposable pour gérer toute une société », conclut-t-elle, alors que les derniers rangs du cortège s’engouffrent Place Wilson, pour terminer leur trajectoire Place du Capitole.