Jean-François Girault, directeur du Moyen-Orient au ministère des Affaires étrangères, est venu s’adresser aux étudiants de Sciences Po Toulouse mercredi 19 mars. Cette conférence sur la crise syrienne s’est tenue dans le cadre de l’opération « Le Quai d’Orsay, hors les murs », qui permet aux jeunes et aux étudiants de mieux comprendre la politique étrangère française.

En poste à plusieurs reprises au Moyen-Orient et anciennement ambassadeur à Damas (2002-2006), Jean-François Girault a fait état des enjeux et perspectives de la crise syrienne. Les nombreux étudiants présents n’ont pas manqué d’interroger l’orateur.

dsc00163.jpg
Jean-François Girault et Philippe Rimbault, directeur de Sciences Po Toulouse

Le diplomate français est revenu sur le rassemblement, quelques jours auparavant, de milliers de manifestants pour l’anniversaire du déclenchement de la révolution syrienne. En trois ans, la violence des événements en a fait la plus grande catastrophe humaine depuis le début du XXIe siècle. A l’utilisation de l’arme chimique à grande échelle et au recours systématique à la torture et au viol s’ajoutent 2 600 000 réfugiés aux frontières. L’ONU peine à faire face à cette catastrophe humaine qui détruit peu à peu le tissu social de ce pays.
Et alors que le conflit met en péril la stabilité de toute la région, et en particulier celle des pays du pourtour immédiat syrien (Turquie, Jordanie, et Irak dans une moindre mesure), la communauté internationale reste impuissante et incapable de dégager une politique. Une impuissance, rappelle-t-il, sans précédent depuis la fin de la Guerre Froide. La mobilisation n’est pas assez importante pour être décisive, et la France seule ne peut résoudre cette crise. Mais « la constance et la détermination de notre diplomatie sont là pour essayer de palier cet ensemble de contradictions », poursuit-il.


« Aider l’opposition modérée »

Jean-François Girault a également souligné le fait que le régime contrôlait aujourd’hui moins de la moitié du territoire et n’aurait jamais la capacité de reprendre le pays, où « le concept de citoyenneté fonctionne mal » et où il faut, selon lui, favoriser les pouvoirs locaux. « Il est très important aujourd’hui d’aider l’opposition modérée à ne pas, par désespoir, se laisser prendre par les sirènes des mouvements jihadistes qui malheureusement bénéficient de moyens financiers très importants, de filières d’acheminement d’armes, et de soutenir le combat qui est le leur contre Al-Qaeda. »