Plus de 65 000 personnes se sont déplacés dimanche 20 novembre en Haute-Garonne afin de déposer un bulletin de vote dans l’urne des primaires de la droite et du centre. Retour sur une journée de grande mobilisation à Toulouse.

Dimanche 20 novembre, il est 17 heures. À la Maison de la Citoyenneté, la file d’attente ne diminue pas depuis l’ouverture du bureau de vote. Quelques rues plus loin, salle Osète, la situation est la même. Certains sortent en expliquant qu’ils ont attendu plus d’une heure, non sans décourager les nouveaux arrivants.  Place à l’hésitation : attendre ou faire demi tour ? « Nous étions déjà venus ce matin mais impossible de voter. Mon mari est souffrant, nous ne pouvons pas attendre une heure, tant pis !», explique une dame d’un certain âge qui estime qu’avec un nombre supérieur de bureaux de vote tout aurait été plus simple.

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À 17 heures, la file d’attente du bureau de vote de la rue Paul Meriel s’étend du premier étage à la sortie. Emma Hélie

« Il faudrait peut-être muscler le nombre d’assesseurs pour plus de fluidité mais le nombre de bureaux de vote ne changera pas au second tour, il est déterminé par la Haute Autorité », souligne Christine Gennaro Saint, Secrétaire Départementale des Républicains de Haute-Garonne. Julien Blanc-Galéra, son adjoint estime quant à lui qu’« il serait difficile d’ouvrir plus de bureaux de vote. Nous avons déjà mobilisé 1000 bénévoles, c’est énorme ».

MOBILISÉS DE 17 À 77 ANS

Si pour quelques uns, la queue est trop longue, pour la grande majorité des électeurs, la motivation est bien présente et pas question de rebrousser chemin. Amélie Bernardin fait partie des bénévoles et depuis ce matin, elle est débordée : « Et c’est comme ça dans tous les bureaux de vote », s’exclame-t-elle avec une certaine fierté.  À seulement 17 ans, la lycéenne n’a pas peur d’affirmer ses opinions politiques : « J’ai voté Nicolas Sarkozy parce qu’il a une ligne politique dure et je pense que c’est ce qu’il faut à la France aujourd’hui. Et puis en dehors des idées, il a de l’expérience. Il ne sera pas perdu en arrivant au pouvoir », confie l’adolescente.

Tout comme elle, Nadine Arripe, retraitée, a choisi Nicolas Sarkozy : « Nous sommes dans une situation alarmante pour la France. Et puis je trouve Fillon trop agressif ». Au contraire, pour Jean, l’ancien premier ministre semble être le bon candidat : J’ai voté pour Fillon. C’est important de se mobiliser aujourd’hui car, en réalité, on vient élire le futur président étant donné que la gauche ne passera pas à nouveau ». Parmi les électeurs mobilisés, certains avouent sans rougir que leur vote est purement stratégique. C’est le cas de Valérie*, 36 ans qui se revendique de centre gauche mais a choisi de « voter pour Juppé afin de contrer le Front National ».

RÉACTIONS : ENTRE DÉCEPTION ET BONNE SURPRISE

Alors que les bureaux de vote ferment leurs portes, salle San Subra, la soirée organisée par la Fédération des Républicains de Haute Garonne commence. L’heure est à la satisfaction pour les premiers arrivés. « La mobilisation massive est la preuve que la droite n’est pas morte et qu’elle a encore un long chemin devant elle », se réjouit Julien Blanc-Galéra, Secrétaire Départemental Adjoint des Républicains de Haute-Garonne. Aux alentours de 21 heures, la salle commence à se remplir et les référents locaux des candidats arrivent au compte goutte.

Peu après 22 heures, Nicolas Sarkozy concède sa défaite (20,6%). Silence dans la salle, où le discours est retranscrit sur grand écran. Les applaudissements succèdent rapidement à la fin de l’allocution de l’ancien président et la déception est palpable. Maxime Boyer, qui pilotait le comité de soutien à Nicolas Sarkozy ne cache pas sa désillusion : « Quand on mène une campagne passionnante, que l’on soulève les foules militantes et que l’on donne tout pendant plusieurs semaines, on ne peut pas rester insensible au résultat. Nicolas Sarkozy avait un bon programme. C’est une déception par rapport à l’ambition que l’on se faisait de la France pour les cinq prochaines années ».

Laurence Arribagé quant à elle, reste plus neutre et souligne sa volonté fédératrice : « Je soutenais Nicolas Sarkozy, effectivement, mais j’étais aussi présidente du comité d’organisation de la primaire en Haute-Garonne, la victoire pour moi, elle était dans la participation, et la mobilisation. Je l’ai toujours dit, je me rangerai derrière le candidat vainqueur parce ce que je veux avant tout, c’est l’alternance »

Silence dans la salle lors du discours de François Fillon. Emma Hélie

Silence dans la salle lors du discours de François Fillon. Emma Hélie

Chez les Fillonistes, qui sont moins nombreux salle San Subra, on ne s’attendait pas à une si grande avance (44,2%). L’ancien premier ministre est arrivé largement en tête dans la majorité des 158 bureaux de vote de Haute Garonne.

« Je m’attendais à une victoire de François Fillon au premier tour, mais je ne pensais pas qu’elle aurait une telle ampleur. A mon avis, c’est son discours, droit, honnête, loyal et clair qui a permis de convaincre une partie importante de l’électorat et de le placer en tête. », explique Jean-Baptiste de Scoraille, conseiller délégué à la mairie de Toulouse, soutien de François Fillon.

 

*Le prénom a été modifié