Peut-on vivre une présidentielle autrement qu’en allant voter ? C’est en tout cas la vision soutenue par les jeunes Libertaires et le mouvement anarchosyndicaliste CNT-AIT. Réunis lors d’un pique-nique organisé à la Prairie des Filtres, des sympathisants en ont profité pour parler d’autres choses que la présidentielle… ou pas !

« Tous ceux qui sont ici ont décidé de ne pas aller voter ! » A peine arrivé, la couleur est annoncée. Les abstentionnistes sont de plus en plus visibles dans l’espace public. Ils l’étaient encore davantage aujourd’hui à Toulouse au sein de la Prairie des Filtres avec une banderole qui a fait mouche : « Les élections passent, les problèmes restent ». Un slogan percutant qui s’inscrit dans une évolution de la perception qu’a le public vis-à-vis des abstentionnistes.

Largement critiqués voir culpabilisés pour leur caractère je-m’en-foutiste au moment du choix final, les abstentionnistes sont désormais beaucoup plus visibles et fiers de l’être. L’accumulation des scandales politiques et des promesses non tenues obligent forcément à repenser la manière de concevoir le fonctionnement de la politique. « On ne se reconnaît pas parmi les 11 candidats d’aujourd’hui. Vous vous reconnaissez parmi l’un d’entre eux vous ? » nous interpelle un membre au détour d’un café.

La vingtaine de personnes réunies en ont alors profité pour parler de discrimination à l’embauche, de religion, d’islamophobie… mais aussi des élections présidentielles. « Si l’on veut parler du 1er tour, on est libre de le faire ! » s’insurge un jeu Libertaire.

La liberté est le fondement même du mouvement anarchiste. Prônant la solidarité entre les individus plutôt que l’asservissement par une autorité supérieure qu’est l’Etat, les membres du mouvement ne parviennent pas à comprendre l’attrait que constitue le vote citoyen. « Être anarchiste, c’est être contre l’Etat. Des élections pour élire un homme au sommet de l’appareil étatique ? Logique que nous n’y allons pas ! » justifie un autre Libertaire.

Ne pas voter est donc un acte nécessaire mais insuffisant pour aller au bout de cette vision de la politique. « Beaucoup de travail reste encore à faire pour pouvoir sortir du régime politique de l’Etat. Aujourd’hui, c’est compliqué de parler du ce sujet. Rien que dans les médias, on nous explique pendant 25 minutes qu’il faut aller voter puis on nous sert un sujet de 45 secondes sur les abstentionnistes ! ». Le traitement médiatique des élections ne permet pas suffisamment de pouvoir faire émerger une autre approche de la politique : celle de la démocratie directe. « Jean-Luc Mélenchon a beau évoquer les mandats révocables, pas sûr qu’il l’applique à lui-même s’il est élu ! » explique un ouvrier issu du mouvement anarchosyndicaliste. Une chose est sûre : vous ne le croiserez pas à proximité d’un bureau de vote aujourd’hui.

Francesco Carvelli