Face au manque de pluralisme médiatique, le projet Médiacités compte remettre l’investigation locale au cœur de Toulouse et sa région. Rencontre avec Sylvain Morvan, créateur de l’antenne toulousaine.

L’histoire commence au rachat de L’Express par Patrick Drahi en 2015 : une équipe de journalistes décide de quitter le journal et créer un média indépendant. De cette volonté est né le projet Médiacités, un réseau national de médias locaux d’investigation.

« Nous voulions créer un média présent dans les grandes métropoles, là où le pluralisme médiatique est faible », explique Sylvain Morvan.

D’abord lancée à Lille à la fin de l’année 2016, l’expérimentation a porté ses fruits. Dominée par le monopole de La Dépêche du Midi, Toulouse représente ainsi un terreau fertile pour les médias indépendants.

Après Lyon en avril, Médiacités va s’installer dans la Ville rose au mois de mai. Pour Sylvain Morvan, passé par l’École de journalisme de Toulouse, ce retour paraissait nécessaire : « Nous avons décelé une véritable attente et un besoin d’information indépendante à Toulouse. On s’est dit qu’on avait quelque chose à faire. »

Miser sur la qualité plutôt que la quantité

À Toulouse comme dans les autres métropoles du réseau Médiacités, une enquête long format par semaine sera dévoilée. Principalement centrées sur l’actualité et la vie politique locale, les enquêtes s’appuieront sur une bonne connaissance du terrain et des forces locales.

« Nous comptons travailler avec des correspondants locaux de la presse nationale, des journalistes freelance et pigistes habitués à l’investigation », appuie l’ex-journaliste de L’Express.

Ce réseau de médias locaux d’investigation a pour but, à long terme, de mener à des enquêtes transversales entre les différentes villes. Pour ses créateurs, il s’agit de fonctionner comme une véritable rédaction, même à distance.

La subsistance de Médiacités va principalement dépendre de sa réception par les Toulousains. « Notre site se calque sur le modèle économique de Médiapart : les contenus seront accessibles par abonnement, sans publicité ». Une qualité fondée sur la rareté et le bon travail des journalistes, car Sylvain Morvan le rappelle, « l’information de qualité a un coût ».