Robin Murphy, étudiant à Sciences Po Toulouse, joue dans l’équipe de France de cricket depuis 2007. Il a commencé le cricket en 2005, après que son père l’ait emmené voir un match opposant l’Australie au Pakistan, à Sydney ; il avait alors 13 ans. Une expérience inoubliable, selon ses mots. Rencontre.

Univers-Cités : Comment s’est passée ta saison ?
Robin Murphy, batteur (à droite de l'écran) Robin Murphy : Plutôt bien : elle a commencé en avril avec le Catus Cricket Club, à côté de Cahors. C’était la première fois que je jouais avec cette équipe : l’an dernier, j’étais à Toulouse, mais le terrain de Pech-David n’est plus disponible et le club a été délocalisé à côté d’Auch. Cette année, la Fédération Française de Cricket a repensé son système de sélection en vue du Championnat d’Europe de première division en mai 2015. Il y avait des risques pour que je ne sois pas re-sélectionné, surtout vu ma performance à la batte lors du premier week-end de sélection à Dreux. J’ai tout de même passé le premier tour, avec une vingtaine d’autres joueurs. La deuxième étape s’est mieux passée, et j’ai été sélectionné avec 13 autres joueurs (au cricket, il y 11 titulaires et 3 remplaçants) pour un tournoi en juin. L’équipe a été battue en finale lors du tournoi au Pays-Bas à Schiedam.

Quels sont les enjeux prochainement ?
Le prochain tournoi est en mai. Enjeu d’autant plus important que le tournoi permettra potentiellement de me qualifier pour le premier tournoi international (hors Europe) dans l’histoire du cricket en France. Donc on va devoir se retrouver cet hiver avec l’équipe. Ceux près de Paris se retrouvent tous les weekends, du coup je suis un peu défavorisé, mais c’est à cause de la concentration géographique (la plupart des joueurs travaillent en région parisienne) donc je n’y peux rien.
Tous les frais de déplacement sont pris en charge par la fédération, mon équipement de match aussi. Quant à mon équipement personnel c’est à ma charge. Et cette année pour la première fois, on a reçu des primes de matchs pour les performances notables. C’était surtout symbolique car les joueurs avaient pris leur RTT mais c’est un peu le premier salaire dans l’histoire du cricket français.

Le cricket est-il médiatisé et connu dans l’hexagone ?
Pas du tout. Il est inexistant dans la culture sportive française. 1200 licenciés à la fédé et 50 clubs environ dont la grande majorité en Île-de-France. Des milliers de personnes jouent au cricket en France… mais de manière informelle : le « tape ball cricket », comme on l’appelle en Inde ou au Pakistan.

Est-ce que le cricket et le baseball, c’est la même chose ?
Pour les néophytes je dirai oui. Parce que le cricket c’est l’ancêtre du baseball. C’est beaucoup plus simple de comprendre les règles basiques du cricket lorsque l’on connaît celles du baseball. Ça implique un batteur et un lanceur. Mais après, il y a énormément de subtilités qui diffèrent. Par exemple, au cricket la balle doit rebondir avant d’arriver au batteur pour être relancée… Le lanceur doit garder ses bras tendus.

Est-il difficile d’étudier et d’être sportif professionnel ?
La grande majorité de mes coéquipiers travaillent. Je pense qu’il est plus facile d’être étudiant, car expliquer à son patron que l’on sera absent parce que l’on va jouer un championnat international de cricket, c’est compliqué. Je suis considéré comme sportif de haut niveau à Sciences Po, mais j’ai du mal à le concevoir.

Penses continuer le cricket pendant longtemps ?
Oui. Le cricket est une religion, pour moi comme pour beaucoup de gens, et notamment en Inde, au Pakistan, au Bengladesh, en Australie et en Angleterre. Pour d’autres, c’est le football… Mais il n’y a qu’à voir les matches de la Super League (le plus haut niveau de cricket en France), il y a des batailles acharnées sur les terrains pour gagner ; impossible que j’arrête.

Comment se passe ta préparation ?
La saison se déroule d’avril à septembre. Mais si je ne fais pas beaucoup de cricket pendant l’hiver, je m’entretiens physiquement en faisant du badminton et du futsal régulièrement.

Penses-tu pouvoir être longtemps un joueur professionnel ?
En fait, j’ai déjà joué dans un club en Australie et je me suis débrouillé pour trouver un club rapidement pendant mon semestre de mobilité (année à l’étranger dispensée par l’IEP de Toulouse, ndlr). Mais je me rends bien compte que si je veux jouer un meilleur niveau, le sud de la France…c’est restreint. Idéalement, il faudrait que j’aille vivre en Angleterre.Un ami à moi est parti pour le comté de Kent faire des sélections mais ça en est resté là. Je pense que ça restera une passion, j’estime ne pas avoir le niveau pour être professionnel en Angleterre, je serais amateur.