Mercredi 17 décembre à Athènes se tient le premier tour de l’élection du président de la République par les députés. Cette élection paraît sans importance. Ce n’est pourtant pas le cas. Certes, le président grec ne possède qu’un pouvoir symbolique mais le contexte actuel peut faire de cette élection un tournant dans l’histoire de la Grèce et de l’Europe.

Le Premier ministre de droite Antonis Samaras, à la tête d’une coalition composée de sociaux démocrate et de libéraux, veut faire élire Stavros Dimas, le candidat du gouvernement, ancien commissaire européen. Sauf que tout n’est pas si simple. Si Stavros Dimas n’est pas désigné par les députés grecs d’ici la fin du mois de décembre, le Premier ministre se verra dans l’obligation de dissoudre l’Assemblée et d’appeler à de nouvelles élections. Au vu de la faible majorité dont dispose la coalition, le scénario est probable.

Là se trouve « le seuil d’un changement historique » selon les mots d’Alexis Tsipras, le leader du parti anti-austérité grec Syriza. Un parti aux portes du pouvoir.
Syriza approche les 35 % d’intentions de vote dans les sondages. C’est environ 5 points de plus que la coalition au pouvoir. Ces 35 % lui seraient suffisant pour obtenir seul la majorité au Parlement face à une coalition impopulaire.

En effet, le gouvernement fait face actuellement à une nouvelle vague de mobilisations sociales qui refuse les attaques contre les retraites, les licenciements dans la fonction publique et les politiques de réduction des salaires. La réponse d’Antonis Samaras à la situation ? « C’est nous ou le chaos ».

Sauf que la Grèce connaît déjà le chaos. Le pays va vivre la septième année de récession consécutive. Le chômage atteint 28%, soit le taux le plus élevé d’Europe. Les salaires ont baissé de plus de 20 % en moyenne.

Dans ce contexte, Syriza représente un espoir. Sauf que le programme du parti de gauche (hausse du salaire minimum, moratoire sur les dettes privées aux banques, annulation de près des deux tiers de la dette publique) est un cauchemar pour les banquiers et l’Union européenne.

Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, a donc ouvertement pris parti pour la coalition au pouvoir tout comme le commissaire à l’Economie, Pierre Moscovici, qui est à Athènes cette semaine. Une ingérence qui pourrait laisser penser que les Grecs ne sont pas assez intelligents pour faire leurs propres choix. Ou peut-être pas assez reconnaissants ? Les politiques d’austérité ont pourtant tellement apporté au pays ces dernières années…