Mardi 3 février, six étudiants de l’Institut d’Études Politiques de Toulouse ont rencontré le maire Jean-Luc Moudenc pour une discussion autour du déménagement de l’IEP. Compte-rendu.

C’est en 2013 que Jean-Luc Moudenc s’est prononcé pour la première fois auprès du préfet, du maire de l’époque et du directeur de l’IEP contre le projet architectural de Sciences Po, quai Saint-Pierre au bâtiment dit du bazacle. “Je suis pour Sciences Po” a pourtant déclaré dès le début de la rencontre Jean-Luc Moudenc. Se considérant bien au courant des “problématiques immobilières de l’enseignement supérieur”, Jean-Luc Moudenc ne s’est pas non plus privé de rappeler qu’il est également “sensible au respect du patrimoine de Toulouse”, estimant que “ce projet était une agression à l’égard de son environnement patrimonial”. Cette prise de position qui semble en premier lieu en défaveur de l’IEP a eu lieu dans l’optique de l’inscription du centre ville de Toulouse à l’UNESCO.

Itinéraire des accusations portées au maire

Il n’y aurait donc pas dû y avoir de surprise lorsque Jean-Luc Moudenc, à qui l’État avait demandé un avis concernant le projet de l’IEP, a émis l’idée d’y renoncer lors de sa campagne électorale. “On nous a accusé de prendre position tardivement”. Face à ces critiques, Jean-Luc Moudenc a déclaré que ce n’est qu’après son élection qu’il a appris que l’État avait demandé à la mairie son avis sur le projet.

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D’après lui, “l’ancienne municipalité avait fait le choix de ne pas répondre”. Il ne restait alors que quelques jours à la nouvelle équipe municipale pour se décider. La mission du maire était de ne donner qu’un avis consultatif, que “l’État aurait très bien pu décider de ne pas suivre”. L’avis négatif émis à ce moment-là par la mairie était “parfaitement cohérent avec les positions les plus anciennes que nous avions prises”.

Ce n’est qu’au mois de juillet dernier que le dossier a resurgi. Pour Jean-Luc Moudenc, “Le préfet a pris une décision souverainement”, celle de suivre son avis. “Il estime qu’en matière de patrimoine, l’avis du maire, ça compte”. Pour ce qui est de l’absence d’invitation du directeur de l’IEP à la réunion convoquée par le préfet en juillet 2014, Jean-Luc Moudenc affirme qu’il est “vrai que je le regrette un peu, j’aurai préféré que Philippe Raimbault soit pleinement dans les discussions”, tout en soulignant qu’il n’était pas de sa qualité d’inviter quelqu’un.

Faciliter les choses pour qu’un projet se réalise ailleurs sans les mêmes contraintes patrimoniales qu’imposait le bazacle, c’était l’objectif de cette réunion selon le maire pour qui “l’emplacement du bazacle n’avait que des inconvénients pour l’IEP”. D’autant plus que “le fait de vouloir être au Bazacle”, endroit sensible au niveau patrimonial, “ça bridait l’IEP dans son développement”. L’IEP aurait en effet dû “revoir à la baisse ses ambitions”, alors qu’il est “sur une trajectoire de développement et de hausse des effectifs”.

L’IEP toujours en position de survie

Aucun coup de théâtre au cours de cette réunion qui aura simplement eu le mérite de donner la parole à Jean-Luc Moudenc, lui permettant de répondre aux accusations qui lui avaient été portées en juillet dernier. “Globalement c’est bien qu’il ait accepté de nous rencontrer, c’était bien d’avoir son point de vue, après c’est vrai que ça venait un peu tard”, a déclaré après la réunion Agathe Pélissier, trésorière d’ArteFact, association qui avait organisé en septembre 2014 une pétition photo en faveur du déménagement. L’idée d’une autre réunion avec l’équipe pédagogique de l’IEP à laquelle devrait être convié Philippe Raimbault a aussi été mentionnée.

Il n’en reste pas moins que l’avis de Jean-Luc Moudenc donné au préfet en avril 2014 a été décisif, faisant prévaloir le patrimoine toulousain sur l’urgente nécessité de relocaliser l’IEP. Une décision dont il est difficile de prévoir la portée à l’heure où une solution pérenne n’est pas déterminée.

Les enseignants et les élèves de l’IEP continuent jusqu’à nouvel ordre à travailler dans des locaux vétustes avec des moyens matériels réduits, faute de financement disponible. Les frais d’inscription ont été revus à la hausse pour assurer la sécurité des élèves et du personnel dans le bâtiment actuel. Aujourd’hui, il ne semble y avoir au sein de l’établissement que peu de certitudes concernant l’avenir de l’IEP.