Vendredi soir se tenait la première de la nouvelle création de Kader Belarbi pour les Ballets du Capitole : Don Quichotte. Une nouvelle version d’un grand classique du répertoire portée par une compagnie très en forme.

Un tonnerre d’applaudissement et la moitié du public debout pendant le salut : la première du Don Quichotte de Kader Belarbi pour le Théâtre du Capitole a été un succès. Ce ballet, connu pour ses morceaux de bravoure et sa flamme espagnole, a été entièrement revisité par le chorégraphe pour les danseurs de la troupe.

Réécrire un grand classique

Créé en 1869 par le français Marius Petipa pour le ballet du Bolchoï, Don Quichotte est un classique parmi les classiques. Il figure au répertoire de presque toutes les compagnies internationales, et des stars comme Natalia Osipova (Royal Ballet) ou Tamara Rojo (English National Ballet) s’y illustrent régulièrement. L’intrigue se déroule à Barcelone. Don Quichotte, chevalier autoproclamé, croise la route de Kitri et Basilio, deux amoureux passionnés mais sans argent pour se marier. Persuadé de vivre dans un roman de chevalerie, Don Quichotte confond Kitri avec Dulcinée, la femme qu’il aime et cherche partout désespérément. A la fin de trois actes au rythme endiablé, les deux jeunes parviendront à se marier grâce à leur astuce. Pour Kader Belarbi, pas question de reprendre la chorégraphie originale à l’identique. Comme il l’a déclaré à Res Musica, il souhaitait « ne pas renier ce qui a été fait dans les ballets historiques, mais les faire vivre en retravaillant cette matière ». Il a donc recentré le ballet sur le personnage de Don Quichotte. L’autre parti pris du chorégraphe, c’était celui de simplifier. Plusieurs rôles secondaires disparaissaient pour développer ceux qui restaient et rendre ainsi l’intrigue plus lisible.

« J’ai souvent dansé ce ballet, mais je n’ai jamais compris pourquoi Basilio est un barbier au premier acte et puis, au troisième acte, il met un boléro et devient un toréador. J’ai choisi d’éliminer Espada, et Basilio devient le plus beau toréro du monde entier dont Kitri est folle amoureuse ! Cela simplifie les choses et rend consistant le personnage. »

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Une troupe en grande forme

Mais si le ballet fonctionne aussi bien, c’est en large partie grâce aux danseurs. L’énergie communicative du corps de ballet et des solistes donne vie à une mise en scène efficace, et surtout très drôle. Que ce soit pour incarner des gitans aux sauts impressionnants ou la foule enjouée du marché de Barcelone, la troupe est en très grande forme. Don Quichotte est incarné sur toutes les dates par Jackson Caroll. On retrouve complètement le célèbre personnage de Cervantès, un rêveur se voulant chevalier, mais en complet décalage avec son époque.

Mais la star de la soirée, c’est la première soliste Maria Gutiérrez. Danseuse au Ballet du Capitole depuis seize ans, la danseuse fera dimanche ses adieux à la scène, marquant la fin de sa carrière de danseuse. Âgée de quarante ans, elle déclare dans un entretien donné au Théâtre du Capitole qu’ellle préfère partir « au sommet de son art ». Et elle l’est effectivement. Non seulement elle incarne avec panache cette jeune espagnole volontaire, mais en plus elle enchaîne brillamment les morceaux de bravoure techniques du ballet, comme son solo de l’acte I ou le redoutable pas de deux du mariage et ses 32 tours fouettés. Don Quichotte est un ballet très physique pour les danseurs et très drôle pour le public, et Maria Gutiérrez brille sur ces deux aspects. A ses côtés en Basilio, Davit Galstyan danse un toréro plein de prestance, et n’est pas en reste au niveau technique. Cerise sur le gâteau, il y a une vraie complicité entre eux qui fait rentrer dans l’histoire de ces deux amoureux transis.

Informations pratiques :
Théâtre du Capitole  mardi 25 avril (20h)
Plus de détails sur le site du Théâtre du Capitole