Se former pour devenir mangaka professionnel, c’est désormais possible à Toulouse. Depuis le 31 août, l’Ecole Internationale du Manga et de l’Animation a ouvert ses portes à ses premiers élèves.

S’il n’existe pas de diplôme pour devenir mangaka en France, à Toulouse, le manga peut s’apprendre sur les bancs d’une école. Depuis le 31 août 2016, l’École Internationale du Manga et de l’Animation (EIMA), flambant neuve, a élu domicile sur l’esplanade de Compans-Caffarelli. L’établissement dispense à une trentaine d’élèves des cours pour maîtriser la technique artistique de cette bande dessinée importée du Japon.

Un projet qui a pris naissance dans la tête de Claire Pélier. Avant de devenir la directrice de la première école de manga de la Ville rose, cette Toulousaine était professeur d’arts plastiques dans l’Education nationale. « J’ai commencé à m’intéresser aux mangas et à leur narration au début des années 2000, se souvient-elle. J’ai eu l’idée de faire des liens entre le manga et la composition d’arts plastiques, et ça a bien intéressé mes élèves. »

À l’origine, une demande des élèves de l’école amateur

Alors que le manga s’exporte en France dans les années 1990, avant de connaître un succès populaire dans la décennie suivante, Claire Pélier décide de créer Toulouse Manga en 2012. Cette école amateur, installée sur l’allée de Barcelone, accueille alors plus de 1200 élèves.

Rapidement, il y a eu une forte demande de la part des élèves d’une formation pour devenir mangaka. J’ai commencé à envisager le projet d’une école formant des professionnels en 2013. C’est vraiment parti des élèves à l’origine, raconte la directrice.

Envisageant au départ de lancer l’EIMA avec le statut d’association, Claire Pélier opte finalement pour la création de sa propre entreprise. Un choix qui lui permet à la fois de s’inscrire dans une démarche professionnelle, tout en gardant une grande liberté pour faire évoluer son école.

Une salle de cours comme les autres, sauf qu’ici on apprend le manga. (Photo NL)

Une salle de cours comme les autres, sauf qu’ici on apprend le manga. (Photo NL)

Pas de diplôme, mais la seule formation 100% axée manga

Chez l’EIMA, les futurs mangakas ne quittent pas l’école avec un diplôme sous le bras. « Ce que nous proposons, c’est une formation professionnelle, axée sur les débouchés », détaille la professeur. À la fin de leur trois années au sein de l’EIMA, les élèves se voient délivrer une certification professionnelle, par un jury composé de mangakas.

En France, il existe trois autres écoles qui font passer des diplômes. Nous, on a pris le parti de ne pas le faire, pour une raison simple : chez nous, ils ne font que du manga. Et c’est en cela que l’EIMA est exceptionnelle. Pour pouvoir proposer des formations diplômantes, ces écoles ne peuvent pas proposer uniquement des cours centrés sur le manga.

Pour la directrice, point de diplôme ne signifie pas absence de sélection à l’entrée. Pour espérer intégrer l’EIMA, ce sont cette année 65 candidats qui ont passé des épreuves lors d’un stage. Nous n’en saurons pas plus sur le contenu de ces mystérieux tests, confidentiel, mais Claire Pélier précise que l’accent est mis sur la capacité à raconter et le comportement en groupe.

Pour devenir mangaka, suivez le modèle. (Photo NL)

Pour devenir mangaka, suivez le modèle. (Photo NL)

Une sélection qui a permis de regrouper dans la salle de classe des profils très variés. Tandis que l’aîné du groupe a soufflé ses 27 bougies, d’autres sortent à peine du bac. Leur point commun (en plus d’aimer le manga) sera de suivre pas moins de 2000 heures de cours chaque année, entre août et septembre.

« Une vraie culture du manga » à Toulouse

Loin de ne s’appliquer qu’au dessin, ils sont aussi encouragés à se préparer pour la vie professionnelle. Présentation sur le site de l’EIMA, projets de communication visuelle, suivi de projet, gestion d’entreprise… « L’envie principale des élèves, c’est d’être édités dans le cadre d’une édition à compte d’éditeur », souligne Claire Pélier, qui leur donne les clés pour gérer au mieux leur future carrière.

Et quel meilleur endroit que la Ville rose pour faire leurs premières armes en tant que mangakas, conclut la directrice de l’EIMA :

Toulouse est la deuxième ville la plus consommatrice de mangas après Paris, ainsi qu’une ville étudiante dynamique. Il y a une vraie culture du manga ici, avec des événements comme le TGS. On y participe chaque année depuis la création de Toulouse Manga, les organisateurs sont même des amis !