Pour motiver les électeurs à glisser le bulletin dans l’urne aux départementales, les partis de gauche ont recours à des expédients originaux. Apéros, piquette et causeries au coin du feu.

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Nul n’est sans savoir que les élections départementales galvanisent les foules… avec beaucoup de modération. Compétences mal connues, marges d’action archi-réduites, plébiscite médiatique de basse intensité, personne ne sait d’ailleurs encore comment manoeuvreront les « conseillers départementaux », ces postes sui generis intrônisés par la récente réforme territoriale, et qui seront élus ces 22 et 29 mars.

Afin de contourner l’ennui qui enveloppe ces départementales comme une vieille malédiction, la liste de la « gauche solidaire et écologiste » (PCF-EELV) du canton Toulouse 9 a déballé les produits dopants. Ce mercredi 11 mars, Fronton, Côtes de Gascogne, bretzels et chips artisanaux parsèment les tables de la Maison de la Citoyenneté (Roseraie) où un « apéro politique » pré-élections est sur le point de démarrer. L’un des premiers de la sorte.

Dans la petite salle municipale, près de trente personnes ont fait le déplacement et le plein de vin rouge. « Le tout est bio, car on est quand même écologistes », s’amuse Cécile Péguin derrière le bar improvisé. Elle est la tête de liste des Verts.

***Face au désintérêt, la démocratie de proximité

« À ces élections départementales, on s’attend à une grosse abstention, et à une forte attractivité de l’extrême-droite », déplore-t-elle. Contre la désaffection électorale, son équipe s’est mobilisée autour d’un apéro, plutôt que d’un meeting, pour « se rapprocher des gens, valoriser la proximité » et récupérer « des citoyens dégoûtés de la politique », explique son colistier communiste, Serge Nicolo.

Une grosse ambition face à cette élection qui a des airs surréalistes, puisqu’il s’agit de voter pour des conseils départementaux que le gouvernement envisageait, il y a peu, de supprimer.

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Sur un mode convivial, trente chaises ont été réparties en cercle. Début de séance, les candidats égrènent rapidement leur programme. « Le centre-ville de Toulouse augmente de 10 000 personnes par an, il faut remettre de l’activité dans les petites villes périphériques », annonce le candidat communiste au micro. « Dans les quartiers, le service public est mis à mal. »

Et le département est-il si impuissant qu’on le dit ? Pour Serge Nicolo, les enjeux sont d’envergure, puisque « l’Etat nous alloue 1,5 milliards d’euros par an, et la collectivité peut emprunter à la Banque Centrale Européenne (BCE) à un taux de 0,05% ».

***Mobiliser face à l’extrême-droite

Mais la désillusion s’abat dès lors que le micro se promène dans le public. Ceux qui racontent les atermoiements de leur quotidien, les problèmes de stationnement, de transport en commun, eux sont principalement de vieux syndicalistes, des employés encartés à la CGT, des militants PCF, et une jeune écologiste. « La métropole, c’est la mise à mort de la commune », glisse un ancien de la CGT. Salle entièrement militante, à l’exception d’un enseignant en urbanisme de l’Université Toulouse-Jean Jaurès. Le public est a priori déjà acquis à la cause…

Une situation que regrette la candidate écologiste. « Il faut se méfier du désintérêt aux départementales », prévient-elle. « Si on se retrouve avec des élus d’extrême-droite, cela aura des conséquences néfastes sur les solidarités et les associations aidant les migrants » ajoutant que « le département est en charge de notre quotidien, des secteurs de la solidarité. C’est aussi la première élection entièrement partitaire, il faut le saluer. »

Face à l’échec relatif de l’apéritif, Cécile Péguin relativise, non sans humour : « mais bon, il y avait un match de foot ce soir… ».