Ce mercredi 10 octobre les syndicats de la fonction publique appelaient à manifester contre les réformes annoncées par le gouvernement. Les sections toulousaines ont répondu à l’appel.

Premier appel unitaire depuis neuf ans. Tous les syndicats du secteur public ont défilé derrière une seule et même banderole, de Compans Caffarelli aux allées Francois Verdier. Leurs revendications portaient essentiellement sur la réforme du statut de fonctionnaire, ainsi que sur le gel du point d’indice, le retour de la journée de carence, et la suppression de 120 000 postes sur cinq ans. Les syndicats craignent ainsi un recul marqué du pouvoir d’achat des fonctionnaires. Le nombre de manifestants est estimé entre 7 500 (selon la police) et 20 000 (selon les syndicats).

Les cortèges sont partis à 14h et, si celui de la CGT et de ses différentes sections était largement le plus important, quantité d’autres organisations étaient représentées. Ainsi on pouvait apercevoir des drapeaux et banderoles de Force Ouvrière, de la CFE-CGC, ou même d’Alliance, le syndicat de police. Sur les bords du défilés se trouvaient aussi plusieurs stands de partis politiques comme le PCF ou Lutte Ouvrière. Enfin parmi les cortèges de queue un groupe arborait des affiches de la France Insoumise et se livrait à un concert de casseroles.

« Public/privé même galère, même combat »

On peut lire dans cette nouvelle journée de mobilisation nationale la poursuite des contestations sur les réformes du droit du travail, que ce soit la loi travail du printemps 2016 ou les ordonnances de septembre dernier. En tout cas pour Cédric Caubère, secrétaire départemental de la CGT, il s’agit d’un seul mouvement.

Cédric Caubère, secrétaire départemental de la CGT, en tête du cortège intersyndical. (Photo Lou van Noort)

« Ceux qui misaient sur la division des salariés sont battus. Les salariés ont bien compris que public/privé, même galère, même combat. Que ce soit les ordonnances, la compression des salaires dans le public ou la CSG qui ne sera pas compensée, ces réformes participent d’une seule et même politique libérale. » – Cédric Caubère, secrétaire départemental de la CGT

La CGT avait d’ailleurs été à l’origine de l’appel à la précédente manifestation d’ampleur, le 12 septembre. Mais cette fois-ci elle a été rejoint par tous les autres syndicats du secteur public. Cédric Caubère veut y voir un élan à répercuter dans le privé : « La mobilisation unitaire a été plus évidente à réaliser dans le public, mais elle est appelée à se développer parce qu’elle correspond aux attentes des salariés qui veulent que leurs organisations syndicales s’entendent et s’unissent. » Reste à savoir si les syndicats parviendront à nouveau à s’accorder pour les prochaines mobilisations.

Un cortège anticapitaliste en forme de contre-manif

Dès la formation du cortège intersyndical, un groupe de manifestants est arrivé depuis la place Arnaud Bernard pour prendre la tête de la manifestation. Les slogans, banderoles et drapeaux affichés étaient ceux de collectifs antifascistes ou anticapitalistes. Les partis, syndicats et associations étaient absents à l’exception du NPA, de la CNT et de Act Up Sud Ouest. Une fois le départ lancé, les responsables du cortège CGT ont fait en sorte que le groupe soit bien distinct du cortège intersyndical, en laissant une centaine de mètres de vide entre les deux.

Un groupe de manifestants arrive face au cortège intersyndical, au niveau d’Arnaud Bernard. (Photo Lou van Noort)

À la hauteur de la place Jeanne d’Arc, un coordinateur du groupe de tête est venu interpeller le service d’ordre de la CGT : « Alors les camarades, on est tous ensemble, ou c’est comment ? » La réplique n’a pas tardé : « Allez devant, vous vouliez une contre manif ? Allez devant ». Réponse du premier manifestant en repartant : « c’est ridicule, l’image que vous donnez est ridicule. » Le ton était plus acide que réellement tendu et aucun accrochage n’a eu lieu.

C’est en revanche avec les forces de l’ordre que la tension était palpable, après la dispersion. La présence policière était relativement discrète, quelques dizaines de policiers municipaux suivaient principalement ce groupe séparé en tête du cortège. Une demi douzaine de cars de CRS bloquaient la place Wilson depuis le métro Jean Jaurès ou encore l’accès à l’arrière de la cathédrale Saint-Etienne, près de François Verdier.

Des tensions entre quelques manifestants et les CRS ont éclaté après la dispersion. (Photo Lou van Noort)

Aux alentours de 16h, quelques manifestants du bloc de tête se sont éparpillés dans les rues adjacentes, générant des tensions avec les CRS, avec échange de projectiles et gaz lacrymogène. La préfecture a annoncé une interpellation. Le reste des manifestants s’est dispersé dans le calme une fois arrivé au monument aux morts.