Des bureaux, une salle de rédaction et même un studio télé. Le tout dans le silence le plus total. Nous sommes bien chez Websourd, une entreprise visant à améliorer l’accès des sourds et malentendants à l’information et au monde universitaire.

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Un combat pour l’info pour tous

Websourd a été créé il y a maintenant plus de dix ans, lorsque l’explosion d’Internet a rendu possible une meilleure interactivité et de nouvelles approches pour les sourds. L’entreprise a ainsi commencé à traduire des articles en langue des signes française (LSF), afin de permettre aux sourds de suivre l’actualité sans la contrainte de devoir lire le français, qui est pour la plupart l’équivalent d’une deuxième langue.

P2281400.jpgEn 2003, Websourd est devenu une coopérative qui gère plusieurs services, dont le site internet websourd.org. Sophie Scheidt s’occupe de cette plate-forme novatrice où tout est disponible en LSF, y compris les noms des rubriques. En dehors de cela, tout fonctionne comme sur un site d’information ordinaire, avec des sujets de politique intérieure ou internationale. Une manière pour Sophie Scheidt de sensibiliser le public au monde de la surdité. En effet, les préjugés sont encore forts et les sourds sont souvent vus avant tout comme des malades dont l’éducation doit se faire en priorité sur le mode médical.

Depuis 2005, l’entreprise mène un travail assidu auprès de l’Université du Mirail afin de former des traducteurs pour les articles. C’est une étape importante car cette formation permet une ouverture du monde de la surdité vers l’information. Une seconde ouverture s’est faite avec le partenariat entre Websourd et l’IEP, qui a permis l’accueil de deux étudiants sourds – accompagnés d’interprètes – dans le cursus journalisme.

Les sourds ne sont pas que des sourds

Une initiative louable selon Sophie Scheidt, mais loin d’être suffisante. La faute en revient d’après elle à l’image de la surdité assimilée uniquement à un problème médical. Elle déplore ces préjugés selon lesquels les sourds ne sont finalement rien d’autres que des sourds. C’est pourquoi Websourd aborde largement d’autres sujets qui n’ont pas forcément de rapports avec le handicap, mais qui peuvent intéresser ces populations.

Image_retravaillee.jpgIl est très répandu aujourd’hui de voir des sourds étudier en psychologie, dans les beaux-arts ou en droit. Quelque chose qui est possible du point de vue des compétences mais difficile à mettre en œuvre au niveau technique. La principale contrainte est budgétaire, notamment au regard du coût que représente la mobilisation de traducteurs durant les cours.

Internet, puis les réseaux sociaux, ont grandement facilité l’accès de tous à l’info mais les sourds veulent aussi être producteurs de cette information. Websourd leur permet ainsi d’exploiter au mieux leur potentiel d’écriture, sans se limiter au français, leur deuxième langue.

Concrètement, la surdité n’est pas un obstacle si infranchissable qu’il y parait pour entrer dans le monde universitaire. La connaissance n’est pas une question d’audition, le principal problème renvoie aux moyens à mettre en œuvre pour y accéder. Websourd a contribué à renforcer la présence de la LSF dans l’audiovisuel et sur le Web. Maintenant, le combat se situe davantage au niveau institutionnel et contre les préjugés toujours présents.