Depuis quelques années, les vélos à pignon fixe, sans vitesse et dotés de formes épurées, envahissent les rues toulousaines. Un phénomène qui séduit jusqu’aux grandes marques de la mode et du sport.

Déja monté ou à imaginer soi-même, le pignon fixe redonne ses lettres de noblesse à la petite reine. / Photo J.T-B.

Cadre minimaliste, pas de freins, ni de vitesse : non, les collectionneurs de bicyclette ne connaissent pas la crise au point de pédaler sur leurs joyaux des années 1900. Si le pignon fixe, nouvelle star des deux roues, ressemble fort à ses ancêtres, c’est pourtant aux Etats-Unis qu’il est né, des mains des coursiers new-yorkais qui, pour être plus rapides, ont dépouillé leur vélo de façon à n’en garder que le strict minimum.

Arrivé en France il y a cinq ans, le fixie est aujourd’hui la coqueluche des fans de sports urbains, qui y voient un moyen de goûter à de nouvelles sensations tout en laissant libre cours à leur imagination en matière d’esthétique. Une réinvention de la petite reine qui n’a pas laissé indifférents les Toulousains.

Qui se ressemble s’assemble

Pour rencontrer les aficionados de pignon fixe, deux adresses incontournables dans la Ville rose : l’atelier « Pierre qui roule », caché rue Fonfrède, à quelques mètres de la Daurade, et « Monsieur pignon, Madame guidon », devanture rétro rue des Lois. Deux enseignes discrètes, mais à l’intérieur, même surprise : on y trouve en effet plus de cadres nus, multicolores ou vintage, que de vélos déjà montés et prêts à l’usage.

Et pour cause : l’amateur de fixie, le vrai, aime cultiver sa singularité, comme l’explique Thomas, gérant de l’atelier « Pierre qui roule » : « Même ceux qui achètent un pignon fixe ont tendance à revenir pour le personnaliser. L’objectif est bien évidemment de l’adapter à sa morphologie, mais aussi de le faire à son image, ce qui est d’autant plus facile que, des roues à la selle, tout peut être changé ! Chaque propriétaire de fixe a donc un objet unique. Du coup, quand je vois tel vélo dans la rue, je sais qui est dans les parages. »

Le fixie suppose une nouvelle relation entre vélociste et client. / Photo J.T-B.

Sensations fortes à tous âges

Une personnalisation à l’infini qui peut vite devenir addictive : Thomas, qui n’a plus lâché l’affaire depuis ses premiers « rides » en fixie il y a cinq ans, avoue ainsi en posséder plusieurs, parmi lesquels certains qu’il ne sort qu’en de rares occasions, tant il y tient. Il faut dire que, même si un bon bricoleur peut rafistoler un pignon fixe pour moins d’une centaine d’euros, l’entrée de gamme se situe plutôt à cinq cents euros. Et, pour peu que l’on y fasse quelques changements, la facture peut vite grimper à plusieurs milliers d’euros.

Mais la passion n’a pas de prix, ni d’âge d’ailleurs : « De clients de 12 à 60 ans, peu importe le milieu socio-professionnel, mais majoritairement des hommes, se dirigent vers le fixe, résume Pierre, en plein montage à « Monsieur pignon, Madame guidon ». En fixe, les sensations sont totalement différentes. C’est une redécouverte du vélo en ville. »

Plus léger qu’un V.T.C classique, le pignon fixe séduit en effet par ses potentialités : « Le principe du fixie, c’est qu’il y a un entraînement direct entre le pédalier et la roue arrière, décrypte Thomas, allure décontractée derrière son comptoir. Par conséquent, il faut toujours pédaler, même en descente ! Et pour s’arrêter, lorsqu’on n’a pas de frein, on s’arrange pour bloquer la roue arrière. C’est plus un attrait qu’une contrainte, mais cela, on ne le comprend qu’après avoir essayé le pignon fixe. Par contre, une fois testé, difficile de s’en passer ! »