1517, Wittemberg, en Saxe. Un moine augustin de 34 ans placarde un texte sur la porte de l’église. Martin Luther vient de lancer le mouvement de la Réforme, qui aboutira à un véritable schisme de la religion catholique, avec l’apparition du protestantisme. À l’occasion de cet anniversaire, Univers-cités est allé à la rencontre d’Elwen Merdy. Actuellement en service civique à l’Espace culturel protestant, elle organise des visites guidées de l’exposition « Luther ouvre les portes de la modernité ».

Elwen Merdy propose des visites guidées de l’exposition. Crédit photo : Hugo Florent

L’exposition prend comme point de départ l’année 1517, pourquoi cette date est-elle considérée comme l’origine de la Réforme ?

Elwen Merdy : En octobre 1517 Martin Luter affiche son texte sur les indulgence sur la porte de l’église de Wittenberg, avec une critique directe au pape. L’importance de l’événement tient à ce que ses idées deviennent publiques.

Après avoir rédigé les 95 thèses, la base de sa pensée, il va les projeter dans l’espace public. C’est aussi le moment où les contestations de l’église catholique de l’époque vont commencer à essaimer.

Tout au long des panneaux, on peut voir un accent mis sur la modernité, avec des petits cartoons, c’était par volonté de la rendre accessible ?

E.M. : Tout le but de l’exposition elle-même est de comprendre comment sont perçues les idées de Luther aujourd’hui. Et de fait, pour son époque, elles sont très modernes. La présence de caricatures sert à changer l’image du frère augustin. On le voit souvent comme austère, très sérieux, mais la Réforme n’est pas un sujet froid ! Il y a des touches humoristiques pour que ce soit accessible aux enfants également.

Chaque texte se termine par une question, pourquoi ?

E.M. : Pour faire participer les visiteurs. Pour que chacun puisse construire ses questions, son parcours dans l’exposition, pour être actif et pas passif devant les panneaux.

Un autre aspect très mis en avant est le désaccord avec l’Église catholique.

E.M. : Aucune exposition n’est neutre. On est ici dans un temple protestant, et c’est logique de montrer les tensions avec l’église catholique de l’époque. C’est aussi pour bien souligner que Martin Luther lance une véritable rupture dans le christianisme.

L’exposition se présente sous la forme de grands panneaux sur les murs du temple.

On voit aussi des critiques faites à Luther, c’était une volonté de prise de distance ?

E.M. : Tous les textes montrent la modernité de Luther, mais il faut rappeler qu’il est aussi pris dans son propre temps. Sur la question des femmes, des Juifs, il était important de montrer les problèmes de sa pensée, les critiques qu’on peut lui faire. D’ailleurs des visiteurs ont reproché d’avoir mis ces panneaux en dernier, de finir par le négatif, mais c’est aussi la vision chronologique qui compte.

Aujourd’hui, la très forte personnalisation est vraiment dépassée. Les églises plutôt marquées calvinistes, les autres luthériennes sont maintenant plus unies dans le principe général de la Réforme.

Quel est le public de l’exposition ?

E.M. : Ce sont beaucoup des habitués du temple, qui viennent aussi aux offices le dimanche. On essaye de faire de la communication autour, pour que tout le monde puisse avoir l’information. Après, moi-même je ne suis pas protestante et je comprends qu’il peut être difficile d’entrer dans une église qu’on ne connait pas. Mais quand on rentre, on voit que c’est un espace culturel, avec une bibliothèque, une librairie, des conférences publiques, c’est un lieu très ouvert.

Informations pratiques
« Luther ouvre les portes de la modernité »,
Espace culturel protestant, Vieux temple, 70 rue Pargaminières
Du 9 janvier au 3 mars.
Entrée libre/participation libre
Visites guidées : de 12h45 à 13h30 du lundi au vendredi (sauf vacances)