Si vous ne connaissez pas encore le crossfit, vous risquez fortement d’en entendre parler dans les mois à venir. À Toulouse, il existe aujourd’hui une dizaine de salles exclusivement dédiées à ce sport. Univers-cités a suivi deux de ses adeptes. L’occasion d’en savoir plus sur cette pratique intrigante.

Katia et Olivier sont d’anciens colocataires, amis depuis plusieurs années. La première, étudiante en école de commerce et sportive aguerrie, pratique le crossfit en compétition. Le second, journaliste curieux, s’est lancé dans ce sport il y a maintenant cinq mois, sous l’égide de son amie et coach personnelle. « Ce qui me plaît dans le crossfit, c’est le dépassement de soi. Tu essaies toujours de faire mieux que la dernière fois, mieux que ce que tu fais d’habitude », affirme Olivier.

Un sport en plein essor

Le crossfit consiste en un enchaînement d’exercices censés faire travailler l’ensemble des muscles et le cardio. Le but est de pousser corps et esprit à leurs limites. Les athlètes courent, rament, grimpent à la corde, sautent, déplacent des objets, soulèvent des haltères, utilisent des anneaux de gymnastique, des boîtes, bref, n’importe quel objet, tant qu’il est lourd. Les entraînement suivent souvent un déroulement basé sur des mouvements fonctionnels (c’est-à-dire naturels), constamment variés et exécutés à haute intensité. À la clé, selon les dires des amateurs, une meilleure hygiène de vie et un corps d’Apollon (ou d’Aphrodite).

Katia à l'échauffement

Katia à l’échauffement

La déferlante crossfit arrive en France en 2012. Des salles – appelées boxes par les adeptes –ouvrent un peu partout, et les curieux se bousculent au portillon. Loin des clichés habituels des salles de musculation classiques, le crossfit, né aux États-Unis dans les années 1990, mélange des techniques utilisées en gymnastique, en athlétisme et en haltérophilie. Aujourd’hui, de plus en plus de compétitions voient le jour et drainent des centaines – voire des milliers – de sportifs et de spectateurs.

Un marketing axé sur une cible jeune

Qu’on ne s’y trompe pas : dans une box, la moyenne d’âge est d’environ 25 ans – l’âge d’Olivier et Katia. Et les salles agissent en conséquence. Le succès du crossfit dépend en partie de son marketing et de sa publicité, qui suivent des codes très spécifiques : un vocabulaire anglicisé, une décoration résolument minimaliste et rétro, du rock emo ou du pop-punk en fond sonore… tout est mis en œuvre pour séduire les étudiants et les jeunes adultes.

Cela semble plutôt bien marcher. Les salles de crossfit ont réussi le tour de force de faire passer un message audible aux jeunes Toulousains. Et Olivier est loin d’y être insensible : « Lorsqu’on a des temps donnés, on s’aperçoit que c’est un sport qui concerne vraiment le mental : quand il reste vingt secondes, on va être capable de faire dix fois plus de choses qu’en vingt minutes de leçon complète ». Le crossfit n’est pas qu’une discipline stricte et ascétique, c’est aussi un travail d’auto-persuasion.

La box, une communauté d’un genre nouveau

C’est par le bouche-à-oreilles qu’Olivier a appris l’existence du crossfit, et a plus tard décidé d’aller s’inscrire dans la même salle que Katia. C’est d’ailleurs comme ça que la plupart des néophytes se sont lancés dans l’aventure, séduits par cette pratique originale et désireux de nouveauté. De façon surprenante, Olivier a découvert que l’esprit d’équipe est peut-être ce qui pourrait caractériser le plus l’univers du crossfit. Entraide, patience, précaution et bienveillance y sont les maîtres mots.

« Katia, c’est elle qui m’a fait découvrir le crossfit. En gros, elle me motive pour y aller, et elle me motive pendant les séances », nous apprend Olivier. Et elle n’est pas la seule. Si elle l’encourage toutes les semaines, Olivier tient à préciser que « tous les autres » en font de même : « Ils viennent me voir. Même quand ils sont en plein entraînement, ils crient, ils me motivent. Il y a des exercices individuels, mais en fait, c’est assez collectif ».

Olivier en plein effort

Olivier en plein effort

On est bien tentés de le croire. Si vous avez la chance d’être un jour passé devant une salle de crossfit, ou mieux encore, d’habiter à côté d’une box, vous avez sûrement déjà entendu ces doux hurlements émanant de leur membres les plus actifs (parfois dès 7 heures du matin, un horaire idéal pour quiconque veut pousser à la salle dans des conditions optimales). Ne vous énervez donc pas et relativisez : ces cris, ce sont en fait des signes d’entraide !

Une pratique vite addictive

Le crossfit a rapidement pris une place importante dans la vie d’Olivier. Très vite, il est passé du stade de débutant à celui d’habitué, pour le plus grand bonheur de Katia. « Je vois bien qu’il fait des progrès, un de ces jours il va bien finir par me dépasser ! » dit-elle en riant. Même si la saillie est d’une ironie tendre, on sent bien Katia réellement impressionnée par les progrès de son poulain. Et pour cause : en l’espace de quelques mois, le jeune journaliste a considérablement augmenté son développé.

Cette évolution, je l’observe directement sur le terrain. Un dimanche midi, Katia et Olivier me donnent rendez-vous à Galiléô, une salle de crossfit en périphérie toulousaine. Et je ne suis pas déçue du voyage. Je les retrouve en plein effort, concentrés et suant à grosses gouttes. Pendant leur cours – d’une vingtaine de minutes – mes joyeux sportifs se voient ordonner de faire vingt flexions, puis dix sauts de boîte, une série de trente abdos, le tout à répéter cinq fois, sans jamais oublier de jeter un coup d’œil rapide sur le temps imparti.

Une séance d'entraînement à Crossfit Rive Droite (près du Capitole)

Une séance d’entraînement à Crossfit Rive Droite (près du Capitole)

Médusée, je les regarde sans mot dire. Même s’ils semblent, quelque part, en grande souffrance, j’ai la vive impression qu’ils en redemandent, et qu’ils ne sont pas près d’abandonner. Une impression confirmée par leurs réactions à chaud une fois l’entraînement terminé. Katia, en nage, à bout de souffle et le sourire aux lèvres, me dit, l’air malicieux « c’était dur. J’ai mal partout, j’en peux plus, mais c’était génial ». Olivier ne peut qu’acquiescer.