Affaire Copé. Affaire Cahuzac. Affaire Bettencourt. Affaire Karachi. Et tant d’autres encore. Les chapitres s’enchaînent comme dans un mauvais livre qu’il serait temps de refermer.
Certes, les pointés du doigt n’ont pas – encore ? – été condamnés par la justice. Car une « affaire », ne se termine pas lors de sa parution dans un canard. Mais bien lorsque la justice rend sa décision. Après de longues investigations journalistiques, l’instruction judiciaire dont ces scandales sont l’objet est plus longue encore – et la justice française n’est pas réputée pour sa rapidité.
Certes, les affaires politico-financières ne sont ni l’apanage de la Ve République, ni de la France, encore moins du XXIe siècle. Dès le XVIIIe siècle, dans De l’Esprit des lois, Montesquieu constatait déjà : « C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ».
Faudrait-il donc se contenter de ce constat fataliste : « Cela a toujours existé, en tout temps et en tout lieu», en continuant à regarder d’en bas une oligarchie qui a retiré le mot « probité » de son dictionnaire ?
L’affairisme tend à rompre un lien de confiance instauré entre des citoyens et leurs représentants dans l’arène politique. Il fait au mieux le lit de l’abstentionnisme, au pire celui de l’extrémisme. Ajoutez à cela le sentiment de promesses de campagne non tenues, sur un fond de crise économique et sociale, et vous obtenez une pilule qui fait très mal à la gorge. Les indignés espagnols, après l’affaire des cahiers de Barcenas – affaire de corruption dans laquelle est impliquée Mariano Rajoy – ne brandissaient-ils pas des pancartes « No nos representan ! » (« Ils ne nous représentant pas ! ») ?
Sans tomber dans le pessimisme le plus total et le paradigme du « tous pourris », il faut au contraire se réjouir que certains réussissent encore à dénoncer les abus du pouvoir. « Les vérités tuent. Celles que l’on tait deviennent vénéneuses», affirmait Nietzsche.