Cette semaine, je pense à Stéphane Hessel. Et bien que n’ayant ni son aura, ni sa prose, j’ai moi aussi l’envie de partager ma colère et mon indignation.
Dimanche 16 février, les Toulousains se sont réveillés pour constater la dégradation de plusieurs bâtiments : l’Université du Capitole, l’Utopia, le cimetière de Salonique, la Maison de la Laïcité et des Diversités ainsi que les locaux de campagne du Parti de Gauche et du Front de Gauche. Croix gammées, croix celtiques, étoiles de David… ces tags s’étalant sur les murs de Toulouse sont signés de groupes d’extrême-droite.
Attaquant pêle-mêle les Juifs, les homosexuels et les francs-maçons en faisant d’extraordinaires amalgames, ces graffitis montrent au final une certaine ignorance.
Ces gens savent-ils au moins d’où viennent ces symboles aujourd’hui utilisés par les néo-nazis? Savent-ils que ce ne sont que des récupérations antérieures au IIIe Reich? Savent-ils que la croix gammée n’est autre que la Svatiska, symbole hindou du dieu éléphant Ganesh, dieu de la sagesse et de l’intelligence? Que la croix celtique a été inventée par les Romains pour rendre attrayant le christianisme aux yeux des peuplades celtes, en intégrant à la croix le cercle celte, symbole de l’unité du monde? Que l’étoile de David est le symbole du père du roi Salomon mais aussi du Messie dans le judaïsme?
Ces tags, ces insultes n’ont donc aucun sens. Mais ils peuvent nous alerter face à la radicalisation d’une poignée de personnes, à la montée du racisme, de l’antisémitisme et de la xénophobie. Des idéologies qui n’ont pas lieu d’être à Toulouse, terre d’immigration historique. Ici se mélangent les origines maghrébines, africaines, espagnoles, italiennes et j’en passe. Pourquoi se haïr?
Les mots de Stéphane Hessel résonnent donc d’autant plus: «Je suis convaincu que l’avenir appartient à la non-violence, à la conciliation des cultures différentes. C’est par cette voie que l’humanité devra franchir sa prochaine étape.» Alors sautons le pas, passons à l’étape suivante. Et pas avec des manifestations appelant à l’unité et qui, au final, tournent à des rivalités de listes ou de groupes.
Indignons-nous dignement.