transparence.jpg
La création d’un Conseil de presse – organe de co-régulation profession-public – apparaît comme un moyen d’endiguer les dérives déontologiques et la méfiance des citoyens envers les médias.

Comme le souligne Yves Agnès, président de l’ACPC (Association pour la Préfiguration d’un Conseil de Presse), « il y a urgence !  ». Selon une enquête menée en décembre 2012 par Opinion Way pour le Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences po), seules 23 % des personnes interrogées déclarent avoir confiance dans les médias. Syndrome d’une rupture croissante entre les journalistes et leurs publics, la déontologie constitue la pierre angulaire de la critique adressée à la profession.

L’ACPC est le chef de file de cette revendication depuis sa création en 2006. Fondée par un groupe de journalistes, l’association « invite tout journaliste mais aussi lecteur/citoyen, sociologue, juriste ou autre expert, sensible aux enjeux démocratiques de la qualité de l’information » à participer à la réflexion. En 2008, l’association lançait un appel à la création d’un Conseil de presse. Depuis, l’idée a fait son chemin.

Pour l’ACPC, cette instance devrait être un espace de médiation et de régulation de l’activité journalistique, réunissant des journalistes, des associations de citoyens et employeurs de presse. Elle permettrait de «répondre aux plaintes et récriminations du public face à ses dérives  » en permettant à tous (organismes, citoyens, etc..) de le saisir en cas de constat d’un manquement à la déontologie.
discours.jpg

Pour Dominique Pradalier, porte-parole du SNJ (Syndicat National des Journalistes), la création d’un Conseil de presse est « une nécessité vitale ». « C’est devant les citoyens que le journaliste est responsable de la qualité des informations  ». En outre, le principal syndicat de journaliste insiste sur la nécessaire création d’une « charte déontologique opposable aux rédactions » et annexée aux conventions collectives. Pour le SNJ, dans un contexte où les conditions d’exercices du métier se détériorent, l’urgence est à la reconnaissance juridique de l’équipe rédactionnelle et au rééquilibrage des pouvoirs au sein des entreprises de presse.

A l’heure actuelle, deux chartes régissent le travail des journalistes, la Charte d’éthique professionnelle des journalistes (datant de 1918, réactualisée en 1938 puis en 2011) et la Charte internationale de Munich (1971). Si elles précisent les dispositions de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, en particulier lors des procès concernant des médias ou des journalistes, elles ne s’imposent qu’aux journalistes et non à l’ensemble de la hiérarchie. D’où la revendication du SNJ pour l’adoption d’un texte unique, commun à toute la profession et opposable tant aux journalistes qu’aux employeurs.

La ministre devrait nommer une personnalité indépendante pour mener une étude sur les pays européens déjà dotés d’un Conseil de presse. Un rapport lui sera remis en janvier.