Parmi les 117 580 élèves du supérieur que compte l’académie de Toulouse, ils sont toujours très peu tous les deux ans à se mobiliser pour l’élection des représentants étudiants au CROUS. Pour remédier à l’indifférence générale, le CNOUS (Centre National des Oeuvres Universitaires et Scolaires) et le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, en partenariat avec la CPU (Conférence des Présidents d’Université) ont oeuvré de concert afin de mobiliser dans toute la France le public étudiant. Pourtant cette année encore à Toulouse, le pourcentage de participation n’a pas dépassé les 10%.
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7,5% de participation il y a deux ans, 9,5% de participation en 2012 : décidément en dépit des efforts engagés, l’élection des représentants étudiants ne passionnent pas les foules. Et ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé, car 2012 aura marqué l’heure de la mobilisation. En plus du tractage, des multiples interventions en amphithéâtres et des sites d’informations traditionnels, de nouvelles formes de communication ont vu le jour début septembre. Après avoir constaté l’effondrement persistant des chiffres de la participation, une campagne sur Facebook et sur Dailymotion initiée à Paris, a animé la nomination imminente pendant plusieurs semaines.

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On m’a dit que 9 étudiants sur 10 ne vont pas… par ElectionsCrous2012
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A force de micro-films diffusés sur les réseaux et de slogans incitatifs comme « Ne likez plus, votez », « Tu viens de passer 2h au café, t’as bien 2 min pour voter » ou encore « Le Crous, ça ne concerne que 8% des étudiants ? Non, alors en novembre je vote », les syndicats ont relayé auprès de la population estudiantine le mot d’ordre du ministère: mobilisation. Thierry Bégué, directeur du CROUS de Toulouse note d’ailleurs après les élections du jeudi 22 novembre « une augmentation symbolique », car le nombre de votants a dépassé la barre des 10 000 participants. Oui, mais…
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Pourquoi un tel détachement ?
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En charge chaque année de 34 000 étudiants boursiers, de 3 millions de repas servis dans les restaurants universitaires et de l’attribution de 10 000 places pour les candidats aux logements des cités U, le CROUS ne chôme pas à Toulouse. Et pourtant, comme le souligne le directeur « bien qu’il soit très présent dans le quotidien des étudiants, la mobilisation reste difficile ».
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Une situation paradoxale qu’Antoine Pount-Biset, président de l’UNEF explique par un calendrier peu favorable: « il y a deux ans les élections avaient encore lieu en fin d’année et les étudiants s’y intéressaient peu parce que les vacances approchaient. Beaucoup d’entre eux débutaient aussi leur période de stage et quittaient donc le contexte scolaire. Cette année la date a été avancée au mois de novembre: assez tôt donc pour que les étudiants se sentent plus concernés et assez tard pour laisser passer la période post-présidentielle ».
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Il ne faut d’ailleurs pas oublier que l’Académie de Toulouse, qui regroupe non seulement la Ville rose, mais aussi Albi, Castres et Tarbes est une des plus grandes académies de France. Si les 90 bureaux de vote qui accueillent tous les deux ans les votants ne sont pas assaillis autant que le CROUS le voudrait, c’est selon le président de l’UNEF parce qu’« ils sont encore malheureusement trop peu nombreux et trop disparates comparés au nombre d’étudiants ». Mais le débordement apparent n’est certainement pas le seul fautif.
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Et chez les étudiants ?
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En dépit des efforts du CNOUS, toujours la même rengaine du côté des étudiants. Mal informés, la plupart considèrent que le CROUS ne les concerne pas directement et que les syndicats étudiants candidats aux élections défendent tous le même programme. Un préjugé qui a la peau dure et contre lequel tente de travailler l’équipe d’Antoine Pount-Biset: « Il faut absolument faire comprendre que le CROUS est un acteur de la vie étudiante dans son ensemble, et non pas seulement des bourses, du logement ou de la restauration pour lesquels il est principalement connu ».
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Et Thierry Bégué de rajouter: « On essaye de créer un déclic chez les étudiants en leur montrant que voter prend peu de temps mais que c’est un acte qui pèse dans leur quotidien pour deux ans ». Le directeur note ainsi que le CROUS est très actif au niveau culturel: « On s’occupe également beaucoup de l’accueil des étudiants étrangers, et surtout au-delà des bourses, de l’accompagnement social des élèves en situation difficile par exemple ». Autant d’exemples qui permettent donc de relativiser le rôle jugé trop limité du CROUS.

Côté syndicats, Antoine Laviale, président de l’UNI-MET ne veut surtout pas entendre parler de proximité avec les autres candidats. « Sur la question de l’allocation d’autonomie nous sommes fermement opposés à l’UNEF, à la FAGE et au PDE, et au contraire par exemple, nous valorisons des propositions comme les bourses au mérite, l’accès aux Restos U pour les jeunes professionnels ou encore la généralisation de prêts à taux zéro », explique-t-il.
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Quelques écarts lors des élections 2012
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Lorsque vendredi 23 novembre dans l’après-midi les résultats tombent, très peu d’étonnés: 3 sièges pour l’UNEF, 3 autres pour Bouge ton Crous (la FAGE) et 1 dernier pour Active ton Crous (le PDE). Les mêmes qu’il y a deux ans. Pourtant du côté de l’UNI-MET, le manque de personnel disponible au sein du CROUS commence à faire des mécontents, car les tentatives de fraude se développent.
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Antoine Laviale qui dénonce ainsi « des fraudes à l’ENSEEIHT où la FAGE était seule en charge du bureau de vote et à l’école vétérinaire où les enveloppes n’étaient pas celles fournies officiellement par le CROUS » est plutôt amer. Rapportée au recteur, la supercherie aurait entraîné l’invalidité des votes des deux écoles. Du côté du CROUS, même si Thierry Bégué signale qu’« il n’y a pas eu de fraude à proprement parler puisque les résultats des élections restent les mêmes », on reconnaît tout de même que deux bureaux de vote ont fait l’objet d’observations et que les 240 voix qu’ils représentaient n’ont pas été prises en compte.
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Dans tous les cas, en dépit d’hypothétiques dérives, les élections de 2012 à Toulouse auront attiré 10 789 électeurs. Un chiffre jusqu’à présent jamais atteint par la rencontre bi-annuelle et qui suscite déjà l’espoir pour les prochaines élections.