Vernissage, jeudi dernier, de l’exposition « Disparaître Ici », à l’Espace Croix Baragnon.

Facade_Croix-Baragnon.jpg

Vous êtes en Californie. « Au point nodal de nos fantasmes, » lance l’artiste Alain Josseau. Deux femmes nues se tiennent debout dans la vitrine, de chaque côté de l’entrée. Ce sont des beautés plastiques, mannequins à l’expression figée. Poussez la porte. L’Espace Croix Baragnon a été transformé en boutique « spécialisée dans la vente d’images », et rebaptisé « Disparaître Ici ». Pas de rayons ni d’étagères, mais une vingtaine d’écrans, deux studios d’incrustation en temps réel et un poste de commandes pour piloter le tout.

Le lieu est bondé. Les uns après les autres, les « clients » prennent la pose devant un fond vert, et se retrouvent, illico, propulsés dans un téléviseur, au milieu du paysage de leur choix : grande villa, club de fitness, publicité pour une marque de parfum, extraits de séries ou du jeu vidéo Les Sims… L’artifice est grossier, et pourtant : « C’est très dérangeant, » témoigne une jeune femme.

Pour Alain Josseau à qui l’on doit ces installations contemporaines, ces décors, dont les deux tiers ont été récupérés via Google, sont des représentations standardisées à la sauce américaine. « Ces images, que l’on nous propose partout, sont vides de sens, fades et sans intérêt. Pourtant, elles représentent un rêve largement partagé : celui d’une villégiature permanente, de vacances éternelles. Une Malibu universelle. »

Un dialogue artistique

L’exposition est le huitième des « Tandems » organisés depuis trois ans par l’Espace Croix Baragnon. « Le but est de créer une dynamique d’échange entre deux artistes d’horizons différents, » explique Elodie Sourrouil, responsable de la communication.

« J’ai choisi de confronter mon travail avec celui d’Aurélien Dupuis, déclare Alain Josseau. Nous travaillons tous les deux sur la récupération des images. » Exposées au premier étage de la galerie, les œuvres au fusain et au feutre du jeune dessinateur de 29 ans sont copiées à partir de photos trouvées sur internet. Elles représentent des pavillons de banlieues paisibles et ordonnées à la Desperate Housewives, autres clichés de cet imaginaire que « Disparaître Ici » parodie sans nuance.

Le 5 mai, le prochain « Tandem », très attendu, fera dialoguer le travail de l’artiste niçois Ben avec celui du toulousain Nicolas Puyjalon.


Jusqu’au 26 mars 2011, du mardi au samedi, de 12h à 19h. Entrée gratuite.