Mercredi dernier la campagne a vraiment commencé. Jean-Luc Moudenc a présenté son programme et contre-attaqué face aux critiques du candidat de la gauche, Pierre Cohen (voir par ailleurs). Jusqu’alors le maire sortant avait distillé quelques éléments de son programme et présenté ponctuellement certains de ses colistiers.
_ Pierre Cohen avait présenté de son côté sa liste depuis près d’un mois et les grandes lignes de son projet et cherché à combler un déficit de notoriété. Les premiers mots tendres autour des transports, du trajet du futur tramway ou de la culture s’échangent désormais.

Une logique de rassemblement qui recompose le paysage politique

Avant cela, la gauche a cherché à se rassembler. La droite à s’ouvrir. Le PS a réuni à ses côtés ses alliés classiques des Verts, PRG, PC, MRC. Le maire sortant a décliné localement l’ouverture gouvernementale. Représentants de la société civile, cadres du Modem toulousain, déçus du PS se retrouvent ainsi sur la liste « Toulouse pour tous » autour d’une base UMP et Nouveau Centre. Mais il a dû également garder des places sur sa liste pour le MPF et le CNPT. Si on reproche parfois à la liste de gauche de manquer de diversité et confectionnée uniquement d’apparatchiks, celle de Jean-Luc Moudenc, comme le notait Eric Zemmour, est « à la limite du grand écart » [[Le Figaro du 6 février 2008.]] .
_ Ces alliances ont recomposé le paysage politique toulousain. Jean-Luc Forget, candidat Modem, peine à trouver un espace entre les deux principaux candidats et mise sur la posture de François Bayrou au printemps dernier. François Simon, tête de liste de la gauche en 2001, soutien de José Bové lors de l’élection présidentielle et désespéré de ne recevoir aucun appel du PS, a donc monté une liste altermondialiste. Mais a déjà fait savoir qu’il souhaitait rencontrer Pierre Cohen pour évoquer une alliance pour le second tour. Les Motivé-e-s, ancien alliés du PS, se sont dispersés sur plusieurs listes, les autres faisant alliance avec la LCR.

Moudenc-Cohen plutôt que Douste-Blazy-Malvy

Les deux premiers sondages ont confirmé ce que les résultats des élections présidentielle et législatives de 2007 laissaient entrevoir: une opportunité pour la gauche de s’installer au Capitole depuis Louis Bazerque, maire de 1958 à 1971. Jean-Luc Moudenc serait en tête au premier tour (43% selon le premier sondage, 41% selon le second), Pierre Cohen suivrait derrière (respectivement 39% et 37%). Le Modem et l’Autre Liste de François Simon recueillaient 5% des suffrages au premier sondage et obtiendraient selon le second respectivement 8 et 6% [[Sondages BVA pour La Dépêche du Midi du 25 janvier 2008 et TNS-Sofres pour Le Figaro du 6 février 2008]]. A égalité au second tour fin janvier, Pierre Cohen l’emporterait avec 52% des voix en février.

S’ils sont au coude-à-coude, les stratégies des deux candidats principaux se distinguent toutefois. Et ils ne peuvent pas vraiment compter sur leur charisme que tout le monde s’accorde à reconnaître comme famélique.
_ Pierre Cohen cherche avant tout à se faire connaître et à gommer l’image d’un homme politique, compétent et de dossiers, mais parfois trop conceptuel et dont le message se transmet difficilement. La venues de Bertrand Delanoé et celles évoquées de Ségolène Royal et Lionel Jospin laissent supposer que le PS toulousain tente de jouer habilement avec une nationalisation de la campagne pour tirer bénéfice du contexte national, défavorable pour la majorité présidentielle.
_ Car Jean-Luc Moudenc a montré qu’il serait difficile de le contrer sur les dossiers importants, qu’il maîtrise lui aussi. Par ailleurs, il ne s’est pas révélé pour la gauche aussi anxiogène ou clivant que Philippe Douste-Blazy. Ainsi, le maire sortant martèle que cette élection doit conserver sa pleine dimension locale tentant ainsi de se mettre à l’abri du vent contraire qui souffle sur sa famille politique au niveau national. Il a alors expliqué sa volonté d’ouverture du moment comme l’accomplissement d’une ligne politique personnelle de toujours.

Il y a quelques temps encore certaines projections envisageaient un duel Douste-Blazy-Malvy. On murmurait même un éventuel retour de Dominique Baudis, finalement intéressé par le Sénat. Même si Jean-Luc Moudenc s’est inscrit dans les pas de ce dernier en matière de gestion budgétaire il reste un maire sortant non élu et à ce titre relativement neuf. Cette élection est déjà en quelque sorte une nouveauté.